Des classiques de l’après-guerre à la nouvelle chanson française des années 2000, en passant par des Américains distingués, certains musiciens ont chanté Notre-Dame de la plus belle des manières.
Paris, 1998. Le Palais de Congrès, grande salle aseptisée de l’ouest de la capitale, offre aux milliers d’automobilistes qui usent matins et soirs l’asphalte du boulevard périphérique une triste vision du futur. Sur sa façade, une jeune femme danse alors que les flammes rongent un édifice vieux de près de 800 ans. « Il est foutu le temps de cathédrales », chante-t-on alors à l’intérieur, dès la première chanson d’un spectacle qui fera bientôt le tour du monde. Un funeste message repris aussi en guise de rappel.
Sans doute que Luc Plamondon et Richard Cocciante n’imaginaient pas que leur prémonition prendrait finalement vie, vingt-et-une années plus tard, en cette nuit du 15 au 16 avril 2019. En quelques heures, une grande partie de Notre-Dame de Paris s’est consumée, sa flèche s’est effondrée. Pourtant oiseau de mauvais augure, la comédie musicale a prouvé au tournant du millénaire que le saint édifice fascinait toujours autant. Ainsi, on a chanté Belle en russe et jusqu’en Chine. Mais la cathédrale n’a pas attendu Garou et les autres pour se faire une place dans la musique, populaire ou non. En France, c’est d’abord en tant que symbole de Paris qu’elle est célébrée. Pour les musiciens anglo-saxons, l’église est davantage connue avec Victor Hugo comme entremetteur – Quasimodo devenant même un personnage récurant jusqu’au hip-hop d’aujourd’hui. Tour d’horizon en dix titres.
Notre-Dame de Paris, par Edith Piaf (1952)
Forcément la plus emblématique. Quasimodo, les péniches, les pigeons : un vrai petit bout de Paris de carte postale immortalisé par la voix si singulière de la Môme.
Les cloches de Notre-Dame, Léo Ferré (1953)
Dans cette drôle de chanson, narquoise autant qu’austère, Léo Ferré utilise le symbole catholique pour s’en prendre à l’hypocrisie de l’Eglise et la bourgeoisie.
Sous le ciel de Paris, Yves Montand (1964)
Enregistrée pour la première fois en 1951 pour le film du même nom, cette chanson devient un classique grâce aux interprétations de Piaf et Yves Montand. Hommage à la capitale, le morceau contient les si sinistres lignes aujourd’hui : « Près de Notre Dame/Parfois couve un drame/Oui mais à Paname/Tout peut arriver ».
Desolation Row, Bob Dylan (1965)
Parmi les portraits grotesques qu’il dresse pour conclure Highway 61 Revisited, Dylan ne pouvait pas passer à côté de Quasimodo. Entre Cain et Abel et le Bon Samaritain, le personnage d’Hugo devient symbole biblique.
We Came Through, Scott Walker (1969)
Sur son troisième album solo, l’ancien des Walker Brothers prend définitivement son envol, entre compositions renversantes et reprises de Jacques Brel. Un peu comme chez Dylan, l’église est un symbole, mais il est cette fois-ci fait de pierres. « Comme les monstres gothiques de Notre-Dame (…) à nous sommes des géants qui contemplons nos rois et pays lever leurs boucliers. »
Un âne plane, Alain Bashung (1994)
Enfant de Paris, Alain Bashung construit sur son album Chatterton cette cathédrale sonore pour questionnements existentiels.
Une moitié de toi, Notre Dame (1998)
Onze années avant l’indispensable chanson France Culture, Arnaud Fleurent-Didier fait ses premières armes dans le groupe Notre Dame.
By The Cathedral, par Keren Ann (2003)
Pour son troisième album, le premier en anglais, la chanteuse compose cette jolie ballade indolente.
Je n’irai pas à Notre-Dame, par Charles Trenet (2006)
Enregistrée dans les années 1990, cette chanson est publiée sur l’album posthume du poète de Narbonne.
Catching The Vibe, Quasimoto (2013)
Avec son nom emprunté au personnage d’Hugo, le rappeur californien Madlib rend hommage au plus connu des sonneurs de cloches. D’ailleurs, de Lil Wayne à Sexion d’Assaut, en passant par A$AP Ferg ou Travis Scott, les punchlines du hip-hop se sont largement approprié la figure popularisée par Patrick Timsit ou Garou.