Jonny Pierce va mieux, et cela s’entend sur “Brutalism”, un cinquième album plus joyeux que son titre ne l’indique et qui nous plonge au cœur de son intimité.
“Au début du groupe, je pensais réaliser quatre albums avec The Drums, tous assez semblables, avant de tout arrêter. Pourtant, me voilà avec un cinquième disque.” Drôle de constat, en effet. La trajectoire de Jonny Pierce n’est pas des plus habituelle non plus. Jusque-là, chaque disque de son groupe allait de pair avec la défection d’un de ses membres fondateurs.
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D’abord Adam Kessler, puis Connor Hanwick et enfin Jacob Graham, son seul ami d’une enfance passée entre l’école à la maison et les camps de vacances pour bigots. La troisième loi de Newton dit que pour avancer dans le vide de l’espace, un corps doit rejeter quelque chose derrière lui. Jonathan n’a rien d’un astronaute, mais cela ne l’a pas empêché de faire de ces départs son principal carburant.
Une composition libératrice
Désormais seul à la barre d’un vaisseau qui a dévié de sa fulgurante ascension, ce capitaine autarcique a fait ce qu’on n’attendait pas de lui : engager du personnel de bord. Rien de pléthorique – un musicien, un coproducteur –, mais déjà énormément à son échelle. « Pour le précédent, j’étais déjà seul et j’avais de grandes ambitions. Je voulais tout composer, tout enregistrer. En réalité, je faisais trop de choses. Je n’avais pas suffisamment de temps et d’espace pour l’introspection. L’idée, avec Brutalism, c’était de me dire que si je fais confiance à quelqu’un, autant qu’il m’aide à faire une meilleure musique. Ce fut libérateur.”
Plus ramassé, intime et direct que ses prédécesseurs, cet album se singularise par rapport à la recette The Drums. A leurs débuts, Jonny et Jacob racontaient que leur formation n’aurait sans doute pas existé s’ils n’avaient pas découvert la réverb. Cette époque est terminée. Le chanteur n’a plus besoin de cacher sa voix sous les effets.
Cette dernière décennie, Pierce l’a passée à fuir – sa morosité, son passé, son homosexualité. Quand on le rencontre, il vient de rester un mois au même endroit pour la première fois en dix ans. Une épreuve imposée par son psy.
Une nouvelle ère pour Jonny Pierce
“J’essayais de m’échapper de moi-même », explique-t-il. « Le processus d’écriture de ce disque m’a permis d’aller mieux.” Il s’assume presque désormais, utilise des mots qu’on n’aurait jamais imaginés dans sa bouche. Des mots enfin adultes. “Je sais qu’avec une bonne baise et un verre de vin, tu seras à moi”, chante-t-il sur Body Chemistry.
« Pourtant, sur ce titre, je me demande si la dépression est dans mon ADN, si je suis né avec”, explique-t-il. “Ma musique préférée, c’est la techno, la house. J’écris de la musique pour que les gens dansent, mais je suis attiré par la tragédie et les cœurs brisés.”
Brutalism ouvre une nouvelle ère pour le leader des Drums – reste à savoir comment il continuera son chemin, maintenant qu’il s’est délesté de ses plus grosses douleurs.
The Drums Brutalism (Anti-/PIAS)
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