Les Londoniens tirent un trait sur leur passé trouble avec un troisième album radieux, enregistré dans l’urgence.
L’Hallucination partielle de Salvador Dalí reste un mystère. Nombreux sont les visiteurs du Centre Pompidou à s’attarder encore et toujours sur cette œuvre surréaliste. Entourés d’un halo flamboyant, les six visages de Lénine qui s’y trouvent représentés irradient la toile. C’est certainement pour cette raison que les Proper Ornaments ont choisi de nommer leur nouvel album Six Lenins. Exit les années troubles, le quatuor londonien vient de renouer avec la lumière.
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Début 2017, les Anglais menés par James Hoare (de feu Ultimate Painting et Veronica Falls) et Max Oscarnold, qui officie en parallèle derrière les claviers de Toy, publiaient Foxhole, un concentré de pop sixties, hanté par une pâleur discrète.
Du savoir faire, même dans l’urgence
Conçu dans des conditions houleuses, mêlant conflit d’ego, addictions et problèmes de santé, ce deuxième album offrait l’échappatoire nécessaire aux deux têtes pensantes tiraillées par leurs démons. Le songwriting impeccable, renvoyant aux grandes heures de la pop de la fin des années 1960, laissait pourtant transparaître une atmosphère délétère par ses textes chargés en émotions fortes.
Deux ans après, les Proper Ornaments ont su surmonter les épreuves. Max Oscarnold s’est remis d’une sale hépatite, les rivalités internes entre les deux leaders ont été calmées et le groupe a réussi à s’enfermer dans le studio de James Hoare, à Finsbury Park, dans le nord de Londres, pour y élaborer sereinement son nouveau disque. En seulement deux semaines, Six Lenins était enregistré.
Dans cette urgence, le savoir faire des Londoniens est resté intact. Le léger trémolo des guitares n’a pas bougé. Les mélodies sont toujours aussi soignées et la nonchalance apparente des titres perpétue l’impression qu’ils ont été composés avec une facilité affolante. Si le duo de songwriters est resté fidèle à son classicisme pop, véritable marque de fabrique du groupe, de rares incursions électroniques se font néanmoins entendre (Song for John Lennon, Bullet from a Gun).
Six Lenins conserve la dose de nostalgie et de mélancolie déjà présente dans Foxhole, mais il laisse surtout entrevoir un nouveau chapitre, beaucoup plus lumineux et apaisé, pour ses auteurs – le solaire Please Release Me ou le très velvetien In the Garden peuvent en témoigner. Loin de révolutionner leur discographie, les Proper Ornaments signent sans nul doute leur meilleur disque. En toute quiétude.
The Proper Ornaments Six Lenins (Tapete Records/Differ-Ant)
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