Contagion, film de Steven Soderbergh étrangement prescient au vu de l’épidémie de covid-19, a récemment fait l’objet d’un regain d’attention du public, jusqu’à se retrouver propulsé en haut de la liste des films les plus vus sur iTunes. Son scénariste, Scott Z. Burns, s’est confié à Vulture sur le sujet brûlant du moment.
Contagion, sorti en 2011, suivait l’itinéraire pandémique d’un virus à travers le monde, et, en cette période de confinement, il est difficile de ne pas relever les similitudes, parfois étonnantes, entre le scénario du film et la situation réelle actuelle. Dans un entretien donné à Vulture le 14 mars, le scénariste du film, Scott Z. Burns, s’est confié sur son travail pour ce long métrage et sur l’épidémie de coronavirus que le monde traverse en ce moment.
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L’auteur explique tout d’abord s’être préoccupé relativement tôt de la situation : “En janvier, il m’est apparu clairement qu’il était peu probable que se soit conservé en Chine. Je savais que c’était beaucoup plus important que ce que notre gouvernement nous disait, ou même que ce que les médias rapportaient.” Il ajoute : “C’est une situation délicate pour un gouvernement. Vous ne voulez pas provoquer de panique, mais si vous minimisez ce qui se passe, cela signifie que les gens n’auront pas le temps de se préparer, et l’affolement arrive finalement.”
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Un scénario des plus réalistes
Lorsqu’on lui demande ce qu’il a pensé du discours de Trump à propos du virus il y a quelques jours, le scénariste ne mâche pas ses mots : “Je ne comprends pas pourquoi mon pays n’a pas de tests. [Trump] ne m’a certainement pas expliqué cela. C’est étonnant qu’il ait parlé davantage de la santé de l’économie que de la santé des personnes de plus de 70 ans. J’aime beaucoup de gens qui ont plus de 70 ans, et d’une certaine manière notre président, qui a également plus de 70 ans, ne juge pas bon de dire quoi que ce soit à ce sujet. Il a modifié deux ou trois fois son propre discours sur la gravité de cette maladie.” Avant d’asséner : “Et même si nous avons des publicités pour les candidats politiques à la télévision presque toutes les minutes, pour une raison quelconque, notre gouvernement ne peut pas mettre au point un message d’intérêt public qui dise aux gens de se laver les mains. […] Je n’aurais jamais pensé, en écrivant le scénario de Contagion, que l’une des variables serait un gouvernement qui ne croit pas en la science et qui ensuite désinforme la population. Mais c’est ce que nous avons.”
Si Contagion est, bien sûr, un long-métrage de fiction, Scott Z. Burns désirait tout de même écrire un scénario le plus réaliste possible et s’était pour cela entretenu avec des experts et épidémiologistes ; notamment Ian Lipkin, de l’université de Columbia, et l’épidémiologiste Larry Brilliant. Il explique notamment : “Ian Lipkin, le jour où je suis entré dans son bureau à Columbia, m’a dit qu’il n’allait pas participer à moins que ce que nous faisions ne soit scientifiquement authentique et vérifiable. J’ai donc su dès le début que je devais rester dans les limites du possible. Mais Ian me disait : ‘Regardez toutes les choses qui se passent dans la nature et vous réaliserez que presque tout est possible.’”
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“Nous allons nous en sortir”
Quant à ses sources d’information concernant le coronavirus, le scénariste en donne trois : d’abord, l’article du consultant et spécialiste en applications virales Tomas Pueyo sur Medium, “Coronavirus : Pourquoi vous devez agir maintenant”, qui est selon lui “une merveilleuse exploration du fonctionnement de la santé publique”. Ensuite, ce sont les conseils du directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses aux Etats-Unis Anthony Fauci – tout en précisant qu’il “espère vraiment que l’administration lui permet de parler librement” – puis, enfin, l’interview de Ron Klain, l’ancien de chef de cabinet de Joe Biden, par la journaliste Rachel Maddow : “C’est probablement l’évaluation la plus claire de notre situation et c’est une grande critique de ce que le Président a dit l’autre soir.”
Enfin, pour conclure l’entretien, Scott Z. Burns a prononcé quelques paroles rassurantes : “Larry Brilliant, qui a travaillé avec nous sur le film, faisait partie d’une équipe qui a éradiqué la variole, qui est une maladie bien pire que le covid-19, et nous avons pu la chasser de la planète entière dans les années 1960 […] La rougeole a un taux de reproduction de base [le nombre moyen de personnes qu’une personne malade infecte tout en étant contagieuse, ndlr] de 12, alors que le coronavirus semble avoir un taux d’environ 3. Et pourtant, nous avons pu, grâce à la science, faire de la rougeole quelque chose qui ne terrifie plus les communautés. Nous avons donc un bilan étonnant de réussite dans ce domaine, et nous allons nous en sortir.”
L’entretien complet est à retrouver (en anglais) sur le site de Vulture.
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