Une sélection de DVD musicaux, entre rock et psyché, r’n’b et hip-hop, pour retrouver le frisson du live à domicile.
Talking Heads : Stop Making Sense
C’est en costume gris XXL 100 % eighties que David Byrne entame, seul sur scène et à la guitare sèche, la mythique Psycho Killer, avant d’être rejoint peu à peu par ses comparses de Talking Heads. Nous sommes en 1983 et le groupe new-yorkais donne trois concerts au Pantages Theatre à Hollywood, captés par le réalisateur Jonathan Demme (Le Silence des agneaux). Ils formeront Stop Making Sense, 88 minutes de fusion new wave et funk, sorti en 1984, soit pour beaucoup l’un des meilleurs films rock jamais réalisés. C. B.
https://www.youtube.com/watch?v=4xL7Ilh1DFI
Alain Bashung : La Tournée des grands espaces
C’est avec son onzième album, L’Imprudence, qu’Alain Bashung s’embarque dans la Tournée des grands espaces, marquée par ses titres cultes et par le plan métallique incliné sur lequel le chanteur est perché. Son passage au Bataclan, le 24 novembre 2003, est capté par l’artiste plasticienne Dominique Gonzalez-Foerster et fera l’objet d’une sortie en salle en version restaurée en mars 2019, soit dix ans après la mort de Bashung. C. B.
New Order : 316
Novembre 1981, quatorze mois après avoir joué pour la première fois dans de petits clubs new-yorkais en pleine période traumatique (Ian Curtis s’est suicidé en mai 1980), les ex-Joy Division sont de retour sur le sol américain avec, en prime, une équipe de tournage. Le 19 novembre, leur concert au Ukrainian National Home est capté, dont le finale magistral sur une reprise de Temptation. En 1998, rebelote avec leur passage au Reading Festival. Les deux lives de New Order seront rassemblés dans le DVD New Order 316, assorti d’une interview du groupe, sorti en 2001. C. B.
Beyoncé : Homecoming
En 2018, une Queen B relookée en Cléopâtre moderne par Olivier Rousteing plie le game avec ses deux prestations impériales au festival californien de Coachella devant, chaque soir, 125 000 personnes. Les lives sont immortalisés dans Homecoming, film qu’elle réalise, produit elle-même et diffuse sur Netflix, et qu’elle dédie à la célébration de la puissance du divertissement : chorale grandiose, chorés millimétrées, mais aussi featurings avec les Destiny’s Child, Solange et Jay-Z. La caméra a la bonne idée de se glisser en coulisse pour capter les heures de travail emmagasinées par une équipe XXL décidée à atteindre une forme de perfection. Soit toute la philosophie de l’empowerment et de la réussite sociale que Beyoncé prône depuis toujours résumée en deux heures vingt explosives. C. B.
The White Stripes : Under Great White Northern Lights
Dix ans après la création des White Stripes, les ex-époux pseudo-frère et sœur Jack et Meg White s’embarquent avec leur dernier album Icky Thump dans une tournée canadienne. Pas de stades au programme, mais de petites salles et des concerts surprises (comme dans un bus à Winnipeg ou un bowling à Saskatoon) captés par Emmett Malloy, qui en tire Under Great Northern Lights, film hagiographique sur la puissance d’un duo, d’une tournée et l’épuisement émotionnel consécutif. “Le but est d’être un groupe live”, lâchait Meg en 2002 au magazine Spin. Pas de doute, l’objectif est rempli. C.B.
Nico & Tangerine Dream : Reims 74, Rock Goes to the Cathedral
Le 13 décembre 1974, Nico, ex-égérie du Velvet Underground, et Tangerine Dream donnent un concert à la cathédrale de Reims, malgré les protestations des ligues de vertu – alors même que l’archevêque lui-même soutient l’événement. Le live est capté par France Inter et se retrouve relaté par toute la presse internationale, devenant ainsi un moment culte. En 2012, Benoît Garel et Jan Sitta exhument les archives de cette messe musicale dans le documentaire Reims 74, Rock Goes to the Cathedral, qui rassemble images du live, avec une Nico hantée, et souvenirs des acteurs clés du moment. C.B.
Beastie Boys : Awesome; I Fuckin’ Shot That !
Le 9 octobre 2004, les Beastie Boys confient cinquante caméscopes à des fans chargé·es de filmer non-stop leur date archi-complète au Madison Square Garden, à New York. Collectées par Adam Yauch, qui signe la réalisation sous le nom de Nathaniel Hörnblowér, elles forment le film Awesome; I Fuckin’ Shot That !, sorti en 2006. Si l’idée est brillante, le résultat donne légèrement le vertige. Les images de mauvaise qualité s’enchaînent à toute vitesse. Alors que beaucoup dénoncent un pseudo-film expérimental de mauvais goût, Awesome a le mérite de capter l’essence DIY des Beastie Boys, groupe de rappeurs punk aux langues bien pendues et à l’énergie hystérique, qui secoua les têtes des gamins pour le meilleur et pas vraiment pour le pire. C.B.
Prince : Sign ‘o’ the Times
Juin 1987. Prince donne une tournée magistrale exclusivement européenne : Sign ‘o’ the Times, avec son nouveau groupe Lovesexy Band qui compte dans ses rangs sa nouvelle compagne Sheila E. “Un Prince qui, tel un Peter Pan en transe dionysiaque, cherche à surpasser en défis gravitationnels son rival Michael Jackson, le résultat est juste ‘jaw dropping’. A peine croyable. Le tout ponctué d’effets visuels qui n’ont rien de virtuels ou de spéciaux”, écrit alors le critique des Inrocks Francis Dordor qui emmagasine trois Bercy sur quatre. Alors que plusieurs concerts captés doivent donner lieu à un film final, Prince doit tout reprendre à son retour aux Etats-Unis en raison d’une prise de son défectueuse. Le voici qui réenregistre tout dans ses studios de Paisley Park, ajoutant à ces images de vrai-faux live des moments de fiction ainsi que le clip de U Got the Look, censés conférer à l’ensemble l’allure d’une comédie musicale. Si le film sort dans plus de 20 000 salles américaines, il ne bénéficie que de rares projections privées en France. Il faudra attendre 2005 pour une sortie DVD, puis 2017 pour que Pathé le projette dans près de 150 salles françaises, dix-huit mois après le décès de Prince d’une overdose de fentanyl, à l’âge de 57 ans. C.B.
Festival : All Tomorrow’s Parties
Fondé en 1999 par Barry Hogan à Camber, plage du Sussex, avant d’être délocalisé dans un centre de vacances dénommé Butlins dans le Sommerset, et nommé d’après le sublime titre du Velvet Underground featuring Nico, le festival All Tomorrow’s Parties, bien vite surnommé ATP, se veut une contre-proposition face aux géants boueux Reading et Glastonbury. Il installe sa réputation sur ses cartes blanches confiées à des groupes comme Mogwai, Portishead, ou encore l’acteur Vincent Gallo. En 2009, le réalisateur Jonathan Caouette (Tarnation) collecte auprès du public des tonnes d’images tournées depuis des années au caméscope ou au téléphone pour en tirer un documentaire en forme de collage DIY – où se côtoient Daniel Johnston, Fuck Buttons, Patti Smith, Iggy Pop, Gossip et bien d’autres –, présenté au festival de Sundance. “J’ai rapidement compris avec le temps que l’atmosphère d’All Tomorrow’s Parties était si merveilleusement chaotique et incontrôlable qu’elle devait être filmée comme si nous participions à une course de relais”, expliquait Jonathan Caouette à BFI en 2014. Et son producteur Luke Morris d’ajouter : “C’est immersif. Il s’agit de capter un sentiment plutôt que de raconter une histoire. La réaction cohérente étant que les gens le regardent et veulent être impliqués et voir de la musique. C’est bien que des gens voient ce film comme s’il s’agissait d’un concert. » Depuis, ATP s’est démultiplié au Royaume-Uni et exporté aux Etats-Unis et en Australie. C.B.
Festival : Noise
En 2005, le festival Art Rock, domicilié à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), confie une carte blanche à Olivier Assayas. Déboulent Sonic Youth, Jeanne Balibar, Rodolphe Burger, Jim O’Rourke, Pascal Rambert, Kate Moran, Marie Modiano… Accompagné d’amis cinéastes (Laurent Perrin, Olivier Torres, Michael Almereyda et Léo Hinstin) et de son chef opérateur Eric Gautier, le réalisateur de Clean filme tous les concerts de la soirée et en tire Noise, sorti l’année suivante. C.B.
Nirvana : Live at the Paramount
Le 31 octobre 1991, un mois après la sortie de Nevermind, Nirvana se produit au Paramount Theatre de Seattle, à deux heures de route de leur ville natale d’Aberdeen, quasi à domicile donc. Le groupe pioche dans ses deux premiers albums, Bleach et Nevermind, mais joue également le titre Rape Me, qui paraîtra sur l’album suivant, In Utero, en 1993. La captation est sortie en DVD en 2011 mais devra attendre 2019 pour une parution sous forme de double lp. C.B.
https://www.youtube.com/watch?v=d9zJGF9sqL8
The Rolling Stones : Shine a Light
Martin Scorsese et les Rolling Stones dans un même documentaire ? Certain·es ont cru rêver. C’est pourtant bien ce qu’il s’est produit avec Shine a Light, tourné lors des deux dates des Stones au Beacon Theatre, à New York, les 29 octobre et 1er novembre 2006, par l’un de leurs plus grands fans – qui n’aura cessé d’ailleurs de parsemer ses films de leurs titres, de Mean Streets aux Infiltrés. Loin du film expérimental, Shine a Light embrasse une facture classique, la forme s’effaçant pour mettre en avant le fond, à savoir la puissance d’un groupe de papys toujours aussi rockeurs avec ici et là des duos aux côtés de Christina Aguilera, Buddy Guy ou encore du blafard Jack White. C.B.
Pink Floyd: Live at Pompeii
L’amphithéâtre de Pompéi et les Pink Floyd. Nous sommes en 1971 et les Britanniques investissent plusieurs jours durant l’ancienne cité ensevelie par le Vésuve afin de capter leur rock progressif dans un live sans public, mais qui deviendra mythique. Réalisé par Adrien Maben, le documentaire sort en salle dans deux versions différentes, en 1972 et 1974, avant une sortie augmentée en DVD en 2003. Les 7 et 8 juillet 2016, David Gilmour fête le 45e anniversaire du Live at Pompeii en s’y produisant, en public cette fois-ci, muni de son album solo Rattle That Lock et en reprenant certains morceaux des Pink Floyd comme Money ou Wish You Were Here. C.B.
Blur : Live at Hyde Park
Séparés depuis 2003 et l’album Think Tank, Damon Albarn, Graham Coxon, Alex James et Dave Rowntree reforment Blur en 2009 pour un concert événement à Hyde Park, au cœur de Londres. “Ça semble pertinent. Il y a quelque chose à faire à nouveau, nous ne sommes pas complètement inutiles, nous avons une raison d’exister”, explique alors Albarn au magazine NME. Capté, le live fait l’objet d’un disque, All the People (référence au refrain du titre Parklife repris par les 60 000 personnes du public), et d’un film, Live at Hyde Park 2009. C.B.
Oasis : Live at City of Manchester Stadium
Un mois à peine après la sortie de Don’t Believe the Truth (2005), sixième album des frangins mancuniens, Oasis investit les 30 juin et 2 et 3 juillet le City of Manchester Stadium pour trois concerts assez exceptionnels à domicile. De quoi montrer que, plus de dix ans après Definitely Maybe (2014), l’autoproclamé meilleur groupe du monde en a encore dans le buffet. Au programme : un Liam en bob, une barrière de sécurité qui manque de lâcher dès le premier morceau et des hymnes intemporels. F.M.
The Strokes : Live at the Reading Festival
Remettons-nous dans le contexte pour comprendre en quoi ce concert des Strokes au Reading Festival (et la tournée qui l’accompagne) est d’une importance capitale pour nous, les fans. Nous sommes en 2011 et les Strokes n’ont plus joué ensemble depuis la glorieuse tournée qui a suivi la sortie de First Impressions of Earth (2006). On sait qu’au sein du groupe ce n’est pas l’osmose. Angles, inespéré quatrième album sorti en mars de la même année, a été enregistré dans des conditions plus que particulières, avec un Julian Casablancas à la dérive mettant en boîte ses voix seul de son côté. Que pouvait-on attendre d’un retour sur scène ? Le meilleur, semble-t-il. Souvent en pilotage automatique, le groupe prend sur cette date de Reading une nouvelle ampleur, convoquant certains morceaux qui seront rarement joués sur scène (You’re So Right, Machu Picchu, Life Is Simple in the Moonlight). Cerise sur le gâteau, les Strokes invitent Jarvis Cocker à monter sur scène pour une reprise du Just What I Needed des Cars, d’anthologie. F.M.