L’histoire pas si moderne d’une Blanche-Neige faussement émancipée.
S’approprier un conte aussi daté que ceux des frères Grimm ou de Perrault, c’est en mesurer la puissance romanesque comme la capacité qu’ils peuvent avoir de transmuter sexisme en féminisme.
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C’est telle une nouvelle légende qui fleure bon l’ère MeToo que s’avance Blanche comme neige. La princesse à la beauté sidérante, c’est Claire (Lou de Laâge) ; la méchante belle-mère, c’est Maud (Isabelle Huppert). Inutile d’attendre de cette transposition qu’elle en finisse avec le mythe de la jolie et appétissante jeune fille et celui tout aussi persistant de la marâtre.
Après avoir échappé à la mort, Claire atterrit dans une maison habitée par des hommes plus si petits. Grincheux, Joyeux, Timide et les autres ont pris les traits de Damien Bonnard, Vincent Macaigne ou Jonathan Cohen. Enivrée par on ne sait quel parfum aphrodisiaque, celle que l’on avait découverte prude se jette dans les bras de chacun d’eux.
Anne Fontaine voudrait qu’à la libido soudaine et débordante de son héroïne réponde une liberté absolue. C’est tout l’inverse qui se produit. Etre de chair hypersexué, la nouvelle Blanche-Neige (dont Lou de Laâge ne semble savoir que faire) n’a pas tellement changé. Elle est dans le fond, toujours définie par la même chose : le désir et le regard des hommes.
Blanche comme neige d’Anne Fontaine (Fr., 2018, 1 h 52)
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