Michel Leclerc poursuit son portrait tendre et acide du “peuple de gauche” dans une comédie plutôt bien vue.
Un homme de droite peut cacher un cœur de gauche. C’est la leçon qu’on avait retenue du Nom des gens, comédie politique loufoque qui a fait connaître Michel Leclerc du grand public en 2010 – de même que Télé Gaucho, deux ans plus tard, s’amusait des méthodes peu orthodoxes d’une chaîne de télévision anarchiste.
Mettre à l’épreuve les convictions de ses personnages, explorer cette zone floue entre actes et croyances, en pointer les éventuels faux-semblants, voilà ce que poursuit avec humour La Lutte des classes. Sous ce titre à double tranchant, le film raconte les errements scolaires d’un gamin ballotté entre école républicaine et établissement privé, sous l’impulsion de ses parents eux-mêmes perdus entre leurs valeurs humanistes et un principe de réalité : le délitement d’un lien social, la violence à l’école, etc.
Par certains aspects, le scénario semble un peu daté, surfant sur un clivage de pensées bobo/réac en décalage avec les angoisses contemporaines (l’ultralibéralisme, le climat…). Mais Leclerc réussit aussi à s’affranchir de cette dialectique pour camper le tableau bien vivant d’une sociologie de quartier (la cohabitation entre Blancs babas cool et familles musulmanes), avec une tendresse énorme pour ses personnages. Le couple formé par Baer, ancien batteur d’un groupe de hard-rock sataniste, et Bekhti, brillante avocate, déborde d’une humanité drôle et attachante en raison même de ses paradoxes.
La Lutte des classes de Michel Leclerc (Fr., 2018, 1 h 43)