Tout part d’une rature. Un nom partiellement barré signalant une disparition au fantôme bien présent. Christine n’est pas morte, elle s’est, de son plein gré, transformée en Chris. Assiste-t-on au coming-out transgenre d’Héloïse Letissier ? “Le ‘Chris’ a moins de genre qu’avant, il y a quelque chose de plus ambigu (…) même si pour moi c’est plus l’affirmation d’une femme que le fait de devenir un homme (…) J’aime bien brouiller les genres, écrire au masculin parfois et au féminin”, répond-elle au micro d’Augustin Trapenard dans l’émission Boomerang sur France Inter. Ce qui pourrait être une simple posture marketing nous apparaît soudain comme un acte hautement politique, une volonté d’“échapper à la définition” comme elle le dit si bien, de rappeler que l’identité est complexe, multiple, mouvante. “Décider qu’on est quelque chose d’indéfini” : voici le souhait d’Héloïse, qui multiplie les avatars sur le modèle de Madonna et Michael Jackson, deux de ses héros.
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Pas de mise à mort du persona en mode Bowie ici, mais une légère brume, suffisante pour asseoir sa liberté dans ce monde où il faudrait rentrer dans une case bien précise au risque d’effrayer son prochain, de ne pas se conformer à la société. Chris est donc de retour avec un nouveau look et un nouveau single, Damn, dis-moi en versions française et anglaise. Réalisé avec Dâm-Funk, inspiré du G-funk, il s’inscrit dans une belle tradition jacksonienne, rappelle Blood Orange et déploie une efficacité suffisamment légère pour qu’on se surprenne à se le repasser. Bosseuse invétérée, Chris risque de rencontrer un nouveau succès international tout en reflétant les questionnements de notre époque sur la binarité, sur la liberté. Une nouvelle preuve de la dimension politique de la pop.
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