Combat des amis avec pierres au bord du Niger, 1976. Coll. Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris. © Malick SidibéLa fondation Cartier a rassemblé 250 clichés du photograph, témoignent de l’insouciance qui régnait dans la capitale du Mali au cours des années 1960.
En entrant dans la grande salle de la Fondation Cartier, c’est un immense mur jaune recouvert de portraits en grand format qui accueille et saisit le visiteur, aussitôt embarqué dans les soirées de Bamako captées par son “œil” légendaire, Malick Sidibé.
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Depuis que la fondation l’a exposée pour la première fois en 1995, l’œuvre de Sidibé, disparu l’an dernier, s’est imposée dans le patrimoine de la photographie. Un classique absolu ayant porté la photographie africaine, dans le sillage du maître Seydou Keïta, vers une reconnaissance tardive mais solide.
Une insouciance, un peu rêvée, un peu fantasmée
Si rien de très neuf ne surgit dans Mali Twist, l’accrochage de la Fondation aujourd’hui, mis à part trente portraits inédits et de nombreuses chemises où sont archivés les tirages de ses surprises-parties, c’est pourtant un éblouissement renouvelé qui saisit le visiteur étourdi. On a beau retrouver des images souvent familières, rien n’efface la puissance de leur révélation.
A l’inverse d’une impression de déjà-vu, la troublant en tout cas, l’accrochage dense (250 images) conçu par les commissaires André Magnin et Brigitte Ollier génère une émotion instinctive, une forme de joie contagieuse. Comme si celle de Sidibé et de ses modèles nous envahissait.
La joie d’une insouciance, un peu rêvée, un peu fantasmée, de corps gracieux en transe lors des soirées rock’n’roll des clubs de Bamako dans les années 1960 (juste après l’indépendance du Mali), de jeunes gens chics posant dans son studio ou au bord du fleuve Niger. Fiers et amusés, légers et élégants.
Des poses nonchalantes
Les images de Sidibé traduisent l’idée d’un paradis perdu, simple et vif, détaché de toute contingence autre que la fête, la flânerie et la sape ; la belle vie quoi. Ces plaisirs n’existent aussi intensément que parce que Sidibé, attentif et complice de la jeunesse malienne, savait les accueillir.
Outre la cohérence et le foisonnement d’une œuvre pleine, ce qui vibre d’une image à l’autre, c’est la beauté plastique de cadres rigoureux, un faux naturalisme dans l’art de fixer des poses nonchalantes, une oscillation entre la captation d’instants et la composition de tableaux pensés comme des odes au bonheur. Ce bonheur frémit sur les murs de la Fondation Cartier. Jean-Marie Durand
Mali Twist Jusqu’au 25 février 2018, Fondation Cartier, Paris XIVe
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