On ne s’en rendit pas forcément compte sur l’instant, mais le break pris par les Talking Heads après leur fondamental Remain in Light de 1980 allait déboucher sur deux aventures capitales pour la suite des musiques et des métissages possibles. Et tout ceci, sans doute, par la faute d’un seul homme, Brian Eno, appelé à […]
On ne s’en rendit pas forcément compte sur l’instant, mais le break pris par les Talking Heads après leur fondamental Remain in Light de 1980 allait déboucher sur deux aventures capitales pour la suite des musiques et des métissages possibles. Et tout ceci, sans doute, par la faute d’un seul homme, Brian Eno, appelé à la production des Talking Heads avant d’embarquer leur chanteur David Byrne pour l’une des plus incroyables et méconnues aventures soniques de cette charnière seventies/eighties. Car leur album My Life in the Bush of Ghosts de 81 demeure le premier grand disque de sampling, la matrice toujours intacte de l’ethno-techno et de beaucoup de collisions à venir entre le chant et l’électronique.
Pendant ce temps, la paisible section rythmique du groupe, Tina Weymouth et Chris Frantz, s’offrait elle aussi des aventures soniques déterminantes, mais sur le ton de la récréation. Ainsi, leur Tom Tom Club fut le témoin, presque par accident, d’une révolution en marche à New York : la friction entre le disco de downtown et le hip-hop naissant du Bronx. Ils enregistreront pour rigoler deux raps aujourd’hui multisamplés et toujours source de joie : Wordy Rappinghood (81) et Genius of Love (82). Ces deux classiques absolus de l’insouciance et de l’euphorie d’une époque de possibles sont bien entendu au générique du plantureux Live @ The Club House. Un double album live enregistré autour d’un barbecue dans la maison de campagne du couple dans le Connecticut : plus de cent invités, un chef français aux chaudrons et beaucoup d’épices sur la scène improvisée. Un pur disque de fête quadra, à la limite encore digne de la fin de banquet, pour lequel le Tom Tom Club, en plus de ses tubes increvables, joue (le mot juste) Al Green, Question Mark, Errol Brown ou Lee Scratch Perry. Si seulement le Tom Tom Club pouvait jouer dans les mariages, les anniversaires et les pots de départ