Chez Art : Concept, l’été est cul, dans une surabondance trompeuse : la question de la manière de s’emparer des images est posée, sans pudeur.
Une expo d’été, ça serait quoi ? Forcément cul, vaguement tapageur, tranquillement déstructuré ? Il y a de ça à Art : Concept qui, pour sa dernière expo avant fermeture estivale, et avant d’emménager dans un nouvel espace à la rentrée, a donné carte blanche à la curatrice Caroline Soyez-Petithomme. Il y a de ça, et d’ailleurs, il y en a trop pour qu’il n’y ait que ça.
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Poussant la porte de la galerie parisienne, on se retrouve au pied du mur. Littéralement, puisque dans la première salle, les murs ont été tapissés de haut en bas d’une première impression en noir et blanc, sur laquelle ont ensuite été accrochées les œuvres. Si bien qu’on en reste un peu sonné, et qu’il faut aux yeux le temps d’accommoder devant la généreuse prolifération de matière à voir, inhabituelle à l’époque de l’ascèse white cube.
Sexes, hauts comme le mur
Qu’y distingue-t-on alors ? Des sexes, hauts comme le mur, des totems de chair ou de pierre, masculins comme féminins. Un all-over charnu, fait de décrochages et de découpes, de saillies et de recouvrements. Pourtant, devant ce généreux étalage, il ne faut pas s’y tromper. “Le sexe est un leurre, explique Caroline Soyez-Petithomme. En réalité, ce n’est pas du tout le sujet. La surabondance est là pour le faire comprendre.”
Et de préciser : “J’ai voulu aborder le sujet de l’appropriationnisme, le phénomène de la reprise d’images existantes par les artistes, mais en gardant un côté un peu instinctif. L’imagerie porno permet d’inclure des artistes travaillant à la fois à partir de l’histoire de l’art et de Chatroulette, de montrer la déhiérarchisation des sources qui a cours depuis les années 80.”
Accents ambigus et queer
Ainsi de la peintre Celia Hempton, 34 ans, qui réalise de petites toiles à la manière d’un peintre de paysage sur le motif. Sauf qu’en guise de motif c’est l’imagerie fugace des live-chats du net qu’elle croque. Plus loin, ce sont les accents ambigus et queer de Jean-Luc Blanc et de Lothar Hempel que l’on retrouve. De manière plus surprenante, on croise aussi Walter Robinson, figure tutélaire du monde de l’art, surtout connu pour avoir fondé l’influente plate-forme de ventes aux enchères artnet.com, mais fort également, on le découvre, d’une pratique picturale dans la pure tradition de la “bad painting” des années 80 – ou pour le dire autrement, des peintres de Montmartre.
La Femme de 30 ans, au titre balzacien, explore le plaisir formel simple de représentations picturales “dont le sujet peut être compris en un seul coup d’œil”. Il faut s’y rendre, car ironiquement, algorithmes prudes des réseaux sociaux obligent, impossible d’en faire l’expérience par photos interposées.
La Femme de 30 ans jusqu’au 25 juillet à la galerie Art : Concept, Paris IIIe
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