“Mort de la chanson” affirme le titre. Ces chansons sont pourtant amoureuses de la chanson : réflexe de déception d’un groupe trop épris pour accepter de voir le rock au bras de n’importe quel gommeux, n’importe quel poseur. Il faut dire que nous sommes à New York et que ça ne doit pas être très […]
« Mort de la chanson » affirme le titre. Ces chansons sont pourtant amoureuses de la chanson : réflexe de déception d’un groupe trop épris pour accepter de voir le rock au bras de n’importe quel gommeux, n’importe quel poseur. Il faut dire que nous sommes à New York et que ça ne doit pas être très drôle, quand on voue un tel culte au songwriting racé et élégant, de le voir vous quitter pour des branlotins qui le jetteront sans doute avant la fin de l’été. Mais c’est plus fort que White Hassle : on ne grandit pas en écoutant de toutes ses fibres le rock cinglant des Modern Lovers, du Velvet, de Television, des early Stones ou’ de Jacques Dutronc pour accepter sans sourciller de voir les Strokes ou autres petits frangins turbulents faire les marioles avec ses fétiches. Alors White Hassle donne des gnons.
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La rock-song revient à la maison mais, d’entrée de jeu, White Hassle menace : She s Dead. Et le groupe de la (mal)traiter avec sécheresse, violence : scratches fiévreux, guitares épileptiques, il y a du Jon Spencer dans cette façon de beigner le binaire, de le coincer dans un garage mal éclairé pour lui faire payer ses badinages. Quand les inconscients hurlaient « rock’n’roll is dead », l’ancien Railroad Jerk Marcellus Hall et ses nouveaux complices électriques préparaient paisiblement leur revanche : le rock’n’roll était mis à la diète, prenait des cours de maintien, de morgue et de concision. Le groupe, à l’évidence, possède trop de classe pour le voisinage : il ne s’est pas acheté une panoplie de rockeur ténébreux dans une friperie de l’East Village, il s’est toujours habillé comme ça, a toujours pensé comme ça, têtu, fier, insolent. « All I need is you« ? Son romantisme, désuet et flamboyant, nous perdra aussi.
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