Forte d’une programmation ancrée dans un regard féminin, la chaîne publique franco-allemande nous offre un mois de mars engagé et éclectique, entre pépites cinématographiques et créations en prise avec les bouleversements du monde.
Delphine et Carole, insoumuses, de Callisto McNulty (documentaire, 2018)
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En 1974, la rencontre entre l’actrice Delphine Seyrig et la réalisatrice Carole Roussopoulos lors d’un stage de formation à la vidéo scelle une longue complicité placée sous le signe du militantisme et de la création artistique. Ensemble, les deux femmes s’emparent de ce nouvel outil comme d’un vecteur d’émancipation, et accordent leurs images aux luttes féministes de l’époque. Réalisé par la petite fille de Carole Roussopoulos d’après un de ses projets inachevés, le film plonge dans des années 70 en pleine effervescence politique, et offre un hommage vibrant à une amitié hors du commun.
https://youtu.be/dZqPvRM4ge0
En marge de la journée internationale des droits des femmes (le 8 mars), ce documentaire ouvre une programmation ancrée dans un regard féminin sur le monde. En plus de nombreux films tournés par des réalisatrices (La Belle saison de Catherine Corsini, À mon âge je me cache encore pour fumer de Rahyana…), le chaîne programme plusieurs documentaires qui questionnent la domination patriarcale et l’émancipation féminine, à travers l’histoire (une série consacrée aux femmes artistes) ou dans le sillage du mouvement #MeToo (un documentaire mettant en lumière le sexisme qui ronge le milieu de la danse).
Sur arte.tv jusqu’au 5 mai.
Téhéran Tabou, d’Ali Soozandeh (film d’animation, 2017)
Depuis que son mari est en prison, Pari se prostitue pour élever son fils. Coincée dans sa belle famille, Sara aimerait trouver un travail mais se heurte au refus de son époux. Musicien dilettante, Babak passe une nuit avec une femme promise en mariage à un autre. En embrassant les destins croisés de personnages en quête de liberté, ce premier long-métrage d’un iranien exilé en Allemagne scrute les interdits qui rongent son pays d’origine. Tourné en rotoscopie (des actreur.ice.s filmé.e.s en prises de vues réelles sont ensuite redessiné.e.s), Téhéran Tabou interroge une société schizophrène avec une grande finesse de trait.
Le 8 mars à 22h40, et sur arte.tv du 8 au 14 mars.
Le Samouraï, de Jean-Pierre Melville (film, 1967)
Un tueur à gage qui vient d’exécuter sa dernière victime est couvert face à la police par une jeune pianiste pourtant témoin du crime. Étape décisive dans la filmographie de Melville et œuvre séminale pour de nombreux cinéastes (de Tarantino à Jarmusch et de John Woo à Nicolas Winding Refn), Le Samouraï s’offre comme une épure de film noir dont la stylisation minimaliste confine parfois à l’abstraction, et offre un écrin fantasmatique à Alain Delon (la collaboration entre l’acteur et le cinéaste se prolongera dans Le Cercle rouge et Un flic).
À noter également, la programmation du Deuxième souffle et du portrait documentaire Melville – Le Dernier Samouraï dans le cadre d’une soirée spéciale consacrée au réalisateur le 29 mars.
Le 9 mars à 20h55 et le 25 mars à 13h55.
Sous influence, de Jessica Hobbs et Amanda Coe (mini-série, 2016)
Lorsqu’Yvonne Carmichael, chercheuse respectée pour un institut de génétique londonien, fait l’amour avec un mystérieux inconnu dans un recoin de la Chambre des communes, son existence confortable vacille sous l’emprise d’un désir irrépressible. Fidèlement adaptée du roman Portrait d’une femme sous influence de Louise Doughty, cette mini-série portée par Emily Watson et Ben Chaplin enlace passion troublante et thriller féministe.
Le jeudi 12 mars à 20h55, et sur arte.tv du 5 au 19 mars.
La Traviata, par Sofia Coppola & Valentino (opéra, 2016)
Si la filmographie de Francis Ford Coppola a toujours été influencée par l’art lyrique (de ses Parrains opératiques à l’intrigue de Tetro), celle de Sofia Coppola semble travaillée par une musicalité plus intime et contemporaine. Après avoir décliné plusieurs propositions, elle a pourtant fini par investir le Theatro dell’opera de Rome pour livrer sa vision de La Traviata, l’opéra culte de Guiseppe Verdi adapté de La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils. Magnifié par les costumes créés par la maison Valentino, cette romance enserrée dans un carcan bourgeois obsédé par la jouissance matérielle n’a rien perdu de sa modernité.
Le lundi 16 mars à 0h10, et sur arte.tv du 14 mars au 13 avril.
L’envers d’une histoire, de Mila Turajlic (film documentaire, 2017)
Une femme nettoie une poignée de porte dans un salon de Belgrade, et finit par révéler à la caméra qu’elle est scellée depuis 1948, date à laquelle le régime communiste a scindé l’appartement pour en répartir l’espace entre plusieurs familles. Cette métaphore limpide des innombrables fractures d’un pays n’est que le premier rouage d’un dialogue étiré sur trois ans entre l’activiste Srbijanka Turajlic et sa cinéaste de fille. Convoquant avec intelligence et sensibilité près de soixante ans d’histoire serbe (et yougoslave) dans le creuset de l’appartement familial, L’Envers d’une histoire est aussi une affaire de passage de flambeau.
Le 17 mars à 0h55, et sur arte.tv du 16 au 22 mars.
Marley, de Kévin Mcdonald (film documentaire, 2012)
Pour offrir à Bob Marley un portrait à la hauteur de sa personnalité complexe et contradictoire, le réalisateur Kévin Mcdonald (Le Dernier Roi d’Écosse) a collaboré avec la famille du musicien pour obtenir des images d’archive rares. Entre séquences musicales, interviews et événements marquants (notamment le One Love Peace concert de 1978 à Kingston), cette somme tente d’approcher l’homme derrière le mythe et de relier le gamin du ghetto à la légende planétaire.
Le 20 mars à 22h30.
Peaky Blinders saison 4 (série, 2017)
Les gangsters les plus stylés du petit écran débarquent sur Arte pour une quatrième saison placée sous le signe des retrouvailles inquiètes : un an après avoir échappé à la pendaison suite à ses affaires avec les Russes, le clan Shelby se réunit pour affronter la mafia italienne. Adrian Brody et Aiden Gillen (le Littlefinger de Game of Thrones) rejoignent le charismatique Thomas Shelby dans les rues poussiéreuses de Birmingham. Articulée autour d’un affrontement au sommet, cette saison poursuit la transition des personnages de la rue vers des arcanes plus politiques.
À partir du 21 mars.
La Chambre bleue, de Mathieu Amalric (film, 2016)
Amalric cinéaste n’est jamais là où on l’attend : après une Tournée généreuse et Cassavetienne et avant ses variations virtuoses avec Jeanne Balibar autour de la figure de Barbara, c’est à un exercice de style plus compact et retors qu’il s’était livré avec La chambre bleue. Adapté d’un roman de Simenon, ce film – énigme dans lequel un homme est accusé d’un crime après une passion adultérine se déploie comme un puzzle entêtant et vénéneux.
Le 25 mars à 20h55, et sur arte.tv du 25 mars au 7 avril.
Betty Boop for Ever, de Claire Duguet (documentaire, 2020)
Robe bustier, porte jarretières et déhanché : créée en 1930 par Max Fleischer et considérée comme étant le premier personnage humain à apparaître dans un cartoon, Betty Boop a incarné une féminité libre et provocante avant de se heurter aux exigences du code Hays. C’est au-delà des écrans de cinéma qu’elle a continué à danser et à gifler les hommes trop entreprenants, infusant tous les pans de la culture populaire pour s’inscrire, à sa manière singulière, dans l’histoire des luttes féministes. Pour ses 90 ans, la réalisatrice claire Duguet offre à la pin-up un hommage composite, et revisite son héritage dans une optique post #MeToo.
https://youtu.be/-5WorLP-XbM
Le 27 mars à 22h20, et sur arte.tv du 20 mars au 25 mai.
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