Effondrée, lézardée, gangrenée, de la pop française au rire noir.
De Michel Houellebecq à Arnaud Fleurent-Didier, de Stupeflip à Arne Vinzon, il existe une poésie propre (?) à la France, horizontale, affaissée, dégoûtée, extra lucide sur son chaos, son impuissance, ses désillusions, son abandon. Ancien pensionnaire (avec son groupe Emma) du label Lithium, spécialisé dans cette France qui tape dans les mains et fait tourner les chemises, Arnaud Dumatin continue ici ce travail de sape du moral.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Epanouie socialement by INSTITUTAccompagné entre autres d’Emmanuel Mario, activiste de cette pop qui voit la vie en morose, il travaille le songwriting à l’opinel rouillé, à l’uppercut mou, au rire énaurme, desprogien, au verbe terne. Mais ses mots bleus comme des hématomes de combat de rue, il n’oublie surtout pas de les mettre en musique étrange, contradictoire. Car entre les refrains ou arrangements luxuriants (Aujourd’hui, A un autre moment…) et les textes navrants (“Je regarde un homme qui se noie” ou “Cet homme-là est mort dans un lit d’hôpital en regardant Capital”), c’est la guerre civile, l’inconciliable. Et pourtant, ce second album refuse de laisser sa place à plus avenant, plus civilisé : on ne le conseille pas, mais on n’en décroche pas.
{"type":"Banniere-Basse"}