Avec ce septième disque, les sœurs Casady, sans sacrifier leur goût pour l’improbable et le bizarre, n’ont jamais sonné aussi accessible.
Depuis qu’elles ont surgi à l’improviste avec La Maison de mon rêve (2004), leur premier album de folk hallucinogène, les sœurs Bianca et Sierra Casady n’ont jamais renoncé à exprimer leur singularité, quitte à faire fuir les foules avec leur théâtre dark et leurs étranges comptines débitées sur des rythmes hip-hop louches. En parallèle, leur univers sonore singulier n’a cessé de s’agrandir, comme une boîte à musique qui, après ouverture, agiterait sous notre nez un nombre infini de personnages plutôt que le seul couple de danseurs habituels.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ce monde en expansion se montre plutôt accueillant : l’été dernier, il laissait de la place à Chance The Rapper qui, sur son disque tourné vers les featurings transgenres (The Big Day, 2019), eut envie d’en humer de plus près l’air improbable (le morceau Roo).
Une communion autour du groove et de la mélodie
Septième lp après une pause de cinq ans occupée par des collaborations diverses (Robert Wilson, Kronos Quartet) et les drames familiaux (on y reviendra), Put the Shine On devrait également changer la donne. Il pourrait même rallier celles et ceux que l’imagerie gothique dada des frangines Casady et leurs délires folk hip-hop oniriques avaient pu, avec le temps, rebuter ou lasser.
Bonne nouvelle : Bianca et Sierra sont tombées sur la pierre philosophale de la pop, celle qui permet de transformer les maux les plus sombres en chansons lumineuses. Quand elles ont commencé à ébaucher cet album, elles ont dû aussi – selon leurs dires – régler des problèmes familiaux tels que l’alcoolisme et la maladie mentale. Plus tard, elles ont perdu leur mère.
Ces circonstances lourdes leur ont inspiré l’incroyable Smash My Head qui, comme chez Björk, débute en complainte intimiste avant de basculer en exutoire electro, et le remuant Lamb and the Wolf, sur lequel Bianca rappe : “They’re trying to Britney Spears me” (allusion à la dépression de la pop-star qui lui valut un placement en institution psychiatrique).
L’accrocheuse Restless symbolise la métamorphose de CocoRosie. Introduite par des notes accrocheuses de clavier et une ligne funk saturée, cette histoire d’âme tourmentée est d’abord portée par le chant de Sierra, aussi clair que celui de Cat Power, avant que le flow de Bianca n’apporte son énergie et que les deux communient autour du groove et de la mélodie.
Album Put the Shine On Marathon Artists/PIAS
Concerts Les 13 et 14 mars, Rouen (Le 106), le 29 mars, Lille (L’Aéronef), le 3 avril, Paris (Le Trianon), le 4 avril, Ramonville (Le Bikini), le 5 avril, Rennes (Festival Mythos)
{"type":"Banniere-Basse"}