Invité sur le plateau de Mediapart, le directeur de la Cinémathèque française a répondu à la polémique sur les rétrospectives Polanski et Brisseau en dénonçant « un choc totalitaire » imposé par les associations féministes.
Après l’annonce ce mercredi 8 novembre par le président de la Cinémathèque française Costa-Gavras, du report de la rétrospective consacrée à Jean-Claude Brisseau qui devait se tenir en janvier, le directeur de la Cinémathèque française Frédéric Bonnaud (et ancien directeur de la rédaction des Inrockuptibles, ndlr), est revenu, le soir même, sur cette rétrospective et sur celle consacrée à Roman Polanski dans le Live de Médiapart.
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« Un choc totalitaire » imposé par les associations féministes
Alors que l’ouverture de la rétrospective Roman Polanski fin octobre avait été mouvementée suite aux manifestations des associations féministes, Frédéric Bonnaud a dit avoir « été surpris que des associations féministes nous demandent d’interdire la rétrospective sur Roman Polanski« .
Il dit être sous la pression des réactions d’associations féministes qui plutôt de se contenter de boycotter une rétrospective, demande son interdiction. Le directeur de la Cinémathèque dénonce un « choc totalitaire » imposé par les associations féministes.
Frédéric Bonnaud: «La libération de la parole via les réseaux sociaux, est-ce qu’elle ne s’accompagne pas à un moment d’un véritable choc totalitaire, et d’un retour à l’ordre moral ?» #MediapartLive
— MediapartLive (@MediapartLive) 8 novembre 2017
« En quoi montrer un film de Polanski va faire de la peine à une fille qui a été harcelée »?, s’interroge Bonnaud. En pleine affaire Weinstein, il accuse les associations féministes de chercher absolument le « Weinstein français » en s’attaquant aux « suspects habituels »: Roman Polanski et Jean-Claude Brisseau. Par ailleurs il défend Roman Polanski et nie toute comparaison avec les accusation à l’encontre du producteur américain Harvey Weinstein. Il déplore aussi les « délires » interprétatifs qui verraient dans les films de Roman Polanski une promotion de de la culture du viol.
Heureusement, @mathieu_m dénonce une manifeste "incapacité à comprendre le caractère systémique" des violences faites aux femmes. C'est le moins que l'on puisse dire des propos de Frédéric Bonnaud, qui a repris à son compte à peu près tous les poncifs des dernières semaines…
— Thomas Clerget (@Thomas_Clerget) November 8, 2017
« La Cinémathèque n’est pas de taille pour faire face aux protestations »
Le climat qui a entouré l’ouverture de la rétrospective Roman Polanski a fait renoncé la Cinémathèque française à sa rétrospective Jean-Claude Brisseau, condamné par deux fois pour agression sexuelle au milieu des années 2000, qui devait se tenir en janvier. Frédéric Bonnaud a reconnu la « victoire » des associations féministes qui réclamait l’annulation de cette rétrospective, jugeant leur revendications cependant nulle, Jean-Claude Brisseau ayant « purgé sa peine » et restant un cinéaste en activité soutenu et respecté pour son travail.
Il déclare que la Cinémathèque n’est « pas de taille face à ces protestations » et préfère attendre un « climat plus serein » pour présenter cette rétrospective. Il met en avant le coût élevé (« 10 000 euros« ) que nécessite une protection sécuritaire pour qu’une rétrospective comme celles de Roman Polanski et Jean-Claude Brisseau, se déroule correctement. Ainsi il regrette que cette rétrospective consacrée à Jean-Claude Brisseau n’ait pas lieu comme prévu, et que la Cinémathèque ne soit soutenue par « aucun intellectuel, de gauche comme de droite » et se retrouve « seule en première ligne« . Face à celles qu’il qualifie de « demi-folles ».
Une pétition en réaction au report de la rétrospective Brisseau
Dans le même temps, une pétition a été lancée par quelques professionnels du cinéma suite au report de la rétrospective consacrée à Jean-Claude Brisseau par la Cinémathèque française. Le texte de cette pétition manifeste la » plus vive inquiétude devant le recul d’une institution qui faillit à son rôle premier, lequel n’est certainement pas de juger les hommes, mais d’accompagner les œuvres » et déplore « ce climat de censure et de voir une institution plier devant des pressions extérieures, et cela dans une ambiance délétère propice à toutes les confusions« .
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