Ce récit muet, sans scénario, offre une incroyable expérience graphique.
Concernant Saccage, la seule histoire dont on soit certain est exposée par l’auteur dans l’avant-propos : en lisant La Supplication de Svetlana Aleksievitch, récit autour de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, il lui vient des “images séminales” qu’il a envie de dessiner. Après avoir essayé de bâtir autour d’elles un scénario classique, Frederik Peeters a fini par y renoncer pour ne pas perdre de vue son inspiration initiale.
Ainsi, il livre sans mode d’emploi ni contexte ses visions muettes, traversées par des hommages à quantité d’artistes – Kenji Mizoguchi, Mœbius, Walt Disney, Rubens… Ayant comme personnages récurrents un être jaune phosphorescent et un enfant composé d’eau, Saccage n’est pas une collection de dessins mais, avec ses hallucinations post-apocalyptiques, constitue bien un récit.
En chercher à tout prix le sens s’annonce à la fois tortueux et passionnant. Le plus simple est sans doute de se fier aux fortes émotions qui nous traversent face à ces images à explorer, saturées de symboles et de couleurs.
Saccage (Atrabile), 96 p., 23 €