Resserré sur les prémices de l’appel du 18 Juin, un portrait classiquement hagiographique, avec un Lambert Wilson habité par son personnage.
A la marge de la série The Crown qui a glamourisé la reine Elizabeth II, voilà une intrigante tentative de rendre romanesque un autre personnage historique qui ne l’est guère : Charles de Gaulle. Iconoclaste ? Pas vraiment, le récit étant follement hagiographique. Mais il lui arrive parfois d’être audacieux. Ne serait-ce que parce que ce De Gaulle de Gabriel Le Bomin s’ouvre sur une scène de cul entre Charles et sa femme Yvonne.
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Pas de faux espoirs cependant, on est loin de la sextape, mais ça fait quand même son petit effet. D’autant que la scène, de literie plus que de lit, est suivie d’une autre où les deux époux (rhabillés) reçoivent la communion dans une église tradi. Autre bon point du film : avoir déplacé le punctum vers la jeune Anne, l’enfant handicapée des De Gaulle.
L’action se situant en mai-juin 1940 au temps de l’invasion nazie, l’exode chaotique des civils où la famille De Gaulle fut précipitée est souvent vu à travers les yeux de cette gamine adorée et adorable : pour preuve, l’apparition surréelle d’une jeune mariée errant en robe blanche sur le bas-côté d’une route.
Comme tous les films “à célébrités”, on guette les ressemblances entre l’image, voire l’icône, et son incarnation. Tout en gros nez, oreilles décollées, moustache rare et ceinture du pantalon remontée jusque sous les aisselles, Lambert Wilson est hallucinant d’osmose, même s’il est un peu plus vieux que le De Gaulle de 1940, alors âgé de 41 ans. Lambert croit en Charles, et nous aussi, jusqu’aux intonations de voix lors de la reconstitution de l’appel du 18 Juin.
Isabelle Carré, a priori plus improbable en Yvonne, fait elle aussi le job en insufflant une forte dose de fiction au personnage, jusqu’à rendre jeune et jolie l’épouse-courage, ce qui, objectivement, est une performance.
De Gaulle de Gabriel Le Bomin, avec Lambert Wilson, Isabelle Carré, Olivier Gourmet (Fr., 2019, 1h49)
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