Dans un écrin de nature finlandaise, la naissance d’une romance estivale entre un migrant syrien et un fils de retour au pays. Gracieux et subtil.
Le titre français de ce premier film du jeune réalisateur finlandais Mikko Makela est-il un clin d’œil aux Roseaux sauvages d’André Téchiné (1994) ? Les deux films épousent en tout cas le même type de récit, la même idéologie et le même cadre spatio-temporel. Au quatuor du film de Téchiné, Entre les roseaux préfère un trio formé par un père, son fils Leevi, de retour en Finlande après une année d’études à Paris, et Tareq, l’ouvrier syrien qui les aide à rénover un chalet de vacances, perdu en pleine nature, en bordure d’un joli lac. Au cœur de l’été finlandais, les deux jeunes hommes vont finir par s’aimer à l’abri des regards du père. Nature, baignade, soleil, travaux manuels et désir clandestin. Ce pourrait être un dessin de Tom of Finland, mais le film se joue sur un terrain plus subtil. La naissance d’un amour entre un natif et un étranger est filmée comme un rempart contre le racisme, l’homophobie, et comme conséquence inattendue d’un contexte géopolitique.
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Dans le petit périmètre de cette résidence estivale se rencontrent deux trajectoires, deux migrations à échelle mondiale. L’immigré syrien, architecte dans son pays et ici ouvrier, rencontre l’émigré finlandais, thésard à Paris et post-adolescent lorsqu’il revient auprès de son père. Le premier fuit un pays où l’homosexualité est punie et où la guerre fait rage. Le second s’évade d’un pays conservateur et s’éloigne d’un père homophobe. Leur rencontre est une suspension inattendue, un refuge que la caméra capte avec grâce. Lorsque ce père s’absente, ce trouple étrange se change en duo et la bulle de désir gonfle jusqu’à imploser lors d’une très belle scène de sexe.
On pense à Week-End d’Andrew Haigh (2012), avec cette manière d’arrêter le temps pour laisser advenir une romance gay filmée comme n’importe quelle histoire d’amour, avec un naturalisme doté d’une sensibilité de chaque instant. Ce premier film est une parenthèse amoureuse qui fait vivre le présent et l’amour qu’il renferme, contre le monde extérieur et l’érosion du temps.
Entre les roseaux de Mikko Makela (R.-U., Fin., 2017, 1 h 48)
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