Le festival du Centre Pompidou abolit d’un coup de dés la frontière entre l’art et la vie.
De Playground à Rennes à l’expo Des corps compétents à la Villa Arson, la partie a déjà été jouée et on en connaît les règles : aborder l’art par le prisme du jeu, c’est donner l’avantage à la situation et au spectateur-acteur, c’est appeler de ses vœux le décloisonnement entre art et vie. Un Nouveau Festival passe de trois semaines à trois mois et se dote d’une expo permanente mais il importait de préserver son côté plus expérimental. Pour Michel Gauthier, son commissaire, l’écueil était de “donner dans le Luna Park”. Le jeu est frappé de dualité, “à la fois instrument de libération et symptôme de la perte de réel des sociétés modernes”.
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L’entrée en matière l’illustre, consacrée à la postérité du Coup de dés de Stéphane Mallarmé, où le hasard est un curseur entre licence poétique et condition d’un monde où les dés ont pris la place des dieux. La mécanique peut se gripper : c’est ce que montre Le Musée du bug de Julien Prévieux, où le visiteur est incité à s’installer devant un jeu vidéo avant de découvrir que c’est l’erreur qui fait œuvre. Pour jouer sans entraves, les jeux de l’antimouvement des années 60 Fluxus sont pour la première fois sortis de leur vitrine. Le Ping-Pong Club de Július Koller, créé en Tchécoslovaquie, rappelle la dimension politique du jeu. S’il est “pour de faux”, il reste normé par un ensemble de prescriptions : choisir celles du jeu plutôt que de la société est aussi une manière d’inventer une utopie temporaire.
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