Quels sont les films à aller voir, les séries à regarder, ou pas, ce week-end ? Pour en avoir un indice, voici l’avis de nos critiques.
Films
Cette semaine, on vous recommande…
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– à 100 %
Invisible Man de Leigh Whannell
Avec Elisabeth Moss, Oliver Jackson-Cohen, Harriet Dyer
Invisible Man reprend cette dramaturgie de l’horreur domestique, du sadisme masculin et de la paranoïa féminine qui se révèle en fait extralucide. Le souvenir d’un sous-genre particulièrement prisé dans les années 1940 affleure : le thriller de tourments conjugaux, dans lequel l’héroïne redoute que son mari fomente de la tuer. La figure de l’homme invisible ici est catapultée à l’heure des luttes féministes contre la violence patriarcale. Une réflexion habilement menée et brillamment mise en scène.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jean-Marc Lalanne.
Lara Jenkins de Jan Ole Gerster
Avec Corinna Harfouch, Tom Schilling, André Jung
https://www.youtube.com/watch?v=ZIaiyEi9dIU&t=1s
Une mère seule et acariâtre, le jour de ses 60 ans, tente de se suicider puis de renouer contact avec son fils. Le film chérit une forme de candeur plutôt que de cynisme, cultive la générosité de l’interprétation et de la mise en scène plutôt que l’austérité et la complaisance. Son interprète principale, l’extraordinaire Corinna Harfouch, est un abîme de souffrance, une sorte d’Isabelle Huppert allemande. A travers son corps, son sourire crispé et son regard sombre expriment toute la violence des rapports parents enfant. Une ode à la liberté du corps et des sentiments qui achève de faire de Lara Jenkins une œuvre surprenante et réjouissante.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Bruno Deruisseau.
Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes de Rodolphe Marconi
Si le film dénonce les conditions de travail actuelles des paysans producteurs de lait, il montre aussi en creux toutes les beautés : la vie au grand air, l’amour des bêtes et la possibilité d’une production efficace lorsqu’elle se pratique en circuit court et loin des diktats des grands groupes agroalimentaires. Marconi signe ici un film délicat, dont la puissance émotionnelle repose sur la complexité de la relation filmeur-filmé.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Bruno Deruisseau.
Film Catastrophe de Paul Grivas
Avec Jean-Luc Godard
Courant 2009, Jean-Luc Godard tourne une grande partie de Film Socialisme à bord du paquebot de croisière Costa Concordia. En janvier 2012, Concordia sombre dans des conditions tragiques. Paul Grivas remplace “socialisme” par “catastrophe”, mais c’est le même film qui fait le lien. Film catastrophe contrarie deux légendes malveillantes concernant Godard : sa supposée désinvolture de cinéaste et sa soi-disant cruauté vis-à-vis des acteurs. Ultime beau geste, Paul Grivas donne l’envie de revoir des films de Godard.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Gérard Lefort.
– à 50 %
Dark Waters de Todd Haynes
Avec Mark Ruffalo, Anne Hathaway, Tim Robbins
https://www.youtube.com/watch?v=7fagzieay50
Mark Ruffalo, dans la peau d’un avocat d’affaires, qui a l’habitude de défendre les grosses boîtes de chimie de Cincinnati, accepte exceptionnellement le dossier d’un agriculteur dont le troupeau de bovins a été décimé en quelques années par un mystérieux poison déversé dans l’eau. Adapté d’un article du New York Times Magazine, Dark Waters a une indéniable qualité : il informe sur un scandale de santé publique qui concernerait 98 % de la population américaine. Si Todd Haynes n’est pas à son aise en bottes de caoutchouc, dans une Amérique profonde, il finit par nous scotcher à la destinée de son avocat maudit lorsque celui-ci comprend, qu’on ne peut jamais complètement terrasser l’hydre, mais qu’il est vital d’essayer.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jacky Goldberg.
Judy de Rupert Goold
Avec Renée Zellweger, Jessie Buckley, Finn Wittrock
Judy est un biopic simplement raté, une purge sans chanson, le caveau bien sombre creusé par un cinéphile fétichiste en hommage à l’une des plus brillantes étoiles d’Hollywood période âge d’or : Judy Garland. Le film est ennuyeux, et pourtant quelque chose, dans sa rugosité, nous tient en respect.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Emily Barnett.
Mes jours de gloire d’Antoine de Bary
Avec Vincent Lacoste, Emmanuelle Devos, Christophe Lambert
Adrien, ex-enfant star oublié, bientôt la trentaine, dilapide les deniers de sa gloire passée en attendant le prochain chapitre de sa vie. Joué par l’ultra-bankable Vincent Lacoste, Adrien aurait pu être pour l’occasion d’une performance réflexive, d’un commentaire sur lui-même. Mes jours de gloire ne fouine pas tellement du côté de l’étude méta au profit d’un programme plus insouciant : la chronique d’une errance, d’une espèce d’insubordination d’enfant gâté, mélange d’absentéisme, de séduction, de malice, et que le film serait peut-être la meilleure façon de vivre.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Emily Barnett.
Le Fils d’un roi de Cheyenne-Marie Carron
Avec Arnaud Jouan, Aïmen Derriachi, Yann-Joël Collin
Le Fils d’un roi est un film boiteux mais non dénué d’intérêt. Il retrace la rencontre de deux lycéens en REP dont l’amitié se trouve renforcée par une passion commune pour l’histoire, et tout particulièrement pour les systèmes monarchiques. Le film est décousu mais l’amateurisme revendiqué et le dépouillement faussement naïf de sa structure et de son propos ouvrent sur un ailleurs contemporain plus fin qu’il n’y paraît.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Marilou Duponchel.
Mais on vous déconseille…
L’Etat sauvage de David Perrault
Avec Alice Isaaz, Kevin Janssens, Déborah François
Contraint de quitter sa demeure du Missouri, un clan se met en route pour rejoindre son Europe natale. Au cours de ce périple guidé par un cow-boy patibulaire, la structure familiale se désagrège, les jeux de rôle et de pouvoir permutent et le récit d’émancipation féminine triomphe. Le programme de ce western sororal avait de quoi séduire, mais rien ici – ni la sécheresse des paysages, ni l’endurance de la marche, ni même l’éveil à la sensualité de l’héroïne – ne transcende son statut d’énoncé.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Marilou Duponchel.
Mine de rien de Mathias Mlekuz
Avec Arnaud Ducret, Philippe Rebbot, Mélanie Bernier
Mine de rien narre la reconversion en parc d’attractions artisanal d’un ancien puits par une communauté de chômeurs, de mineurs retraités, d’alliés divers, refusant en bloc de laisser la mairie solder le site et détruire son histoire. Non sans quelques idées sympathiques sur le rapport ambigu des friches à leur histoire, Mine de rien ne décolle cependant pas au-dessus du format simplet du feel-good movie social à la française, marqué par un florilège de réflexes de scénario et motifs automatisés. Le film a au moins pour lui la bienveillance, la défense des opprimés et une jolie humeur générale.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Théo Ribeton.
Côté séries, on n’a pas été emballés par…
Breeders de Simon Blackwell, Chris Addison
Avec Martin Freeman, Daisy Haggard, Michael McKean
Jonglant entre leur travail chronophage et leur emprunt à rembourser, Paul et Ally ne sont pas de mauvais parents, mais peinent à maîtriser leurs émotions vis-à-vis de leurs rejetons. Assujetties au format étroit d’épisodes de trente minutes, les crises qui émaillent le quotidien familial sont approchées de façon scolaire, souvent selon le même mécanisme : le comportement des enfants exaspère les parents, et particulièrement le père, qui y réagit de façon impulsive et déconcertante pour son entourage. Cette ambition de scruter la parentalité sous toutes ses coutures mène les scénaristes à les égrener comme une liste de courses, négligeant en regard des fils narratifs plus sinueux. Bref, Breeders manque d’audace et de rugosité.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Alexandre Büyükodabas.
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