L’adieu à l’enfance et l’apprivoisement de la mort travaillent ce coming-of-age movie porté par une jeune actrice bluffante.
Selva a 13 ans, elle vit dans un cabanon au bord de la mer des Caraïbes avec son grand-père et une ancienne junkie à peine plus jeune que l’aïeul. Lorsque cette famille de substitution se désagrège, Selva doit faire face à son rapport à la mort et à sa propre adolescence.
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Bien qu’il s’inscrive dans le genre du coming-of-age movie, ce premier long métrage de la jeune réalisatrice argentino-costaricaine Sofía Quirós Ubeda a l’originalité et le talent de greffer à son imaginaire teen une vision du cinéma comme rituel magique.
Cette belle qualité n’est pas sans rappeler les atmosphères d’Apichatpong Weerasethakul. On y retrouve le même regard ésotérique posé sur la nature et surtout cette aptitude à filmer le voyage des âmes à travers le monde.
Ce qui unit ces deux pôles – éclosion adolescente et vieillissement des figures parentales – est la métamorphose, la mue (du serpent). D’où une attention particulière au corps, celui en pleine puberté de Selva et celui, décharné, de son grand-père. Le film se déploie dans le périmètre restreint de la lisière entre vie et mort, y fait du surplace, en explore chaque recoin. Si Selva aide son grand-père à aller vers la mort, c’est aussi parce qu’il lui a donné les armes pour devenir une jeune adulte.
Vu à la Semaine de la critique l’an dernier à Cannes, La Danse du serpent est la suite de Selva, court métrage que la réalisatrice de 30 ans avait présenté à La Semaine en 2017, et dans lequel apparaissait déjà Smashleen Gutiérrez, la géniale petite actrice du film. Sa spontanéité, sa fantaisie et sa capacité à ne jamais sombrer dans le pathos font de La Danse du serpent une œuvre aussi puissante qu’intime et délicate, un premier film audacieux, qui a le courage de s’affranchir autant que possible du scénario et des dialogues, pour entièrement se dévouer à son imaginaire magique et à son langage visuel.
La Danse du serpent de Sofía Quirós Ubeda, avec Smashleen Gutiérrez, Humberto Samuels, Hortensia Smith (Cost., Arg., Chil., Fr., 2019, 1h22)
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