Le portrait d’une icône de la télé éducative américaine qui se noie dans le sirupeux.
Enième film américain récent fondé sur un article de presse, Un ami extraordinaire raconte la difficile interview, par un journaliste d’Esquire, de Mister Rogers, une figure de la télévision américaine de la fin de la seconde moitié du XXe siècle.
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Décédé en 2003, il fait depuis quelques années figure de saint laïc à mesure que remonte le souvenir de ses programmes éducatifs (Mister Rogers’ Neighborhood, 1968-2001) pétris de valeurs progressistes. Ilot de gentillesse et d’intelligence, son Neighborhood apparaît aujourd’hui comme le refuge chéri des violentés du trumpisme – une Amérique idéale, qui n’exista jamais ailleurs que dans le cadre ouaté d’un studio de télévision publique, contrechamp rêvé du chaos érigé en norme par le président actuel.
On ne peut comprendre la faillite du film que Marielle Heller (autrice du pourtant réussi Les Faussaires de Manhattan, en 2018) consacre à ce héros cathodique sans avoir en tête ce contexte politico-historique.
Un ami extraordinaire est l’un de ces films-doudous à la tonalité doucereuse et à la morale sirupeuse – au point que l’on doit parfois se pincer pour se persuader que l’on n’est pas dans une parodie cauchemardesque ourdie par David Lynch –, qui associe l’esprit critique au cynisme, et en fait la résultante d’une psychologie défaillante (par des mécanismes scénaristiques lourdingues). Aucun intérêt, si ce n’est comme objet anthropologique, témoin d’une nation traumatisée.
Un ami extraordinaire de Marielle Heller, avec Tom Hanks, Matthew Rhys, Chris Cooper (E.-U., 2019, 1 h 49)
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