La rencontre fortuite d’un jeune homme anxieux et d’un ado fébrile. Burlesque et grave.
“Essayez de grandir un peu. Soyez un mensch !”, intimait le Dr Dreyfuss à Baxter, dans La Garçonnière de Billy Wilder (1960). Avec son deuxième long métrage, Mikael Buch semble s’être souvenu de cette injonction, mais en a complexifié les termes : ce n’est plus un mensch (un homme responsable et décent en yiddish) qui la formule à l’adresse d’un type paumé, mais deux types paumés (Simon et Théodore, un adulte et un ado) qui tentent, ensemble, de devenir des mensch et d’actualiser ce “perfectionnisme moral” cher à Stanley Cavell.
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Pour autant, Buch n’est pas là pour prodiguer de faciles leçons de morale. Il tord les évidences, déjoue les attentes, vrille les clichés. Au duo (Félix Moati, génial en jeune père terrassé par ses névroses ; Nils Othenin-Girard, ado énervé, révélation du film) fait ainsi écho un duo féminin singulier : une femme rabbin (Mélanie Bernier) et une mère agent de sécurité (Audrey Lamy). Automnal et mat, tourné principalement dans des rues de Paris ou de banlieue en format 4/3, avec un découpage favorisant les longues prises, Simon et Théodore s’oppose formellement au précédent film de Buch, l’almodovarien et déjà très beau Let My People Go, mais le rejoint sur les obsessions : éducation, judaïsme, aspect brut et antinaturaliste, burlesque sur les bords, personnages qui ne cessent de se cogner…
“Le réel, c’est quand on se cogne”, disait Lacan ; à ce titre, Simon et Théodore est un grand film réaliste.
Simon et Théodore de Mikael Buch (Fr., 2017, 1 h 24)
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