Dans une vidéo postée sur Twitter, une jeune femme explique avoir voulu candidater dans un magasin de la chaîne de prêt à porter, à Montpellier. Elle assure qu’une responsable l’a discriminée du fait de son voile.
“Je voulais partager avec vous une situation que j’ai vécue que je ne souhaite à personne.” Voilà comment débute la vidéo d’une jeune femme se filmant face caméra, postée mardi sur son compte Twitter. Sur ces images, elle assure avoir été victime de discrimination à l’embauche, du fait qu’elle était voilée, de la part de la responsable d’un magasin Etam de Montpellier. Depuis, cette dernière a été “mise à pied à titre conservatoire” a annoncé la marque dans un communiqué.
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« Etam est une entreprise engagée en faveur de la diversité́ et de l’inclusion et s’oppose fermement à toute forme de discrimination » >>> [lire la suite] pic.twitter.com/ZavXnX2YWo
— Etam Officiel (@etam_france) March 13, 2019
La jeune femme a ces mots dans la vidéo : “Je suis à la recherche d’un travail, et comme j’ai des expériences dans la vente, je cherche dans des magasins. Je suis rentrée, souriante et cetera, dans un magasin pour déposer mon CV et ma lettre de motivation (…) Là, [la responsable] me regarde et me dit ‘Non mais c’est une blague, j’espère que vous n’êtes pas sérieuse ? Vous êtes voilée, et vous me demandez un travail!’”
https://twitter.com/umeym_/status/1105358719838232576
“J’étais bloquée, choquée”
Et d’ajouter : “Ça fait même pas deux jours, c’était la journée de la femme [journée internationale des droits des femmes, ndlr]. Moi j’étais bloquée, j’étais choquée, je ne savais même pas quoi dire.” Par la suite, la responsable lui aurait dit “vous devez enlever votre voile avant d’entrer, je suis désolée, mais je n’accepte pas les voilées”. La jeune femme finira par lui dire qu’elle est “une raciste”. “Elle m’a dit ‘non non je ne suis pas raciste, je suis féministe’. Ça ça n’est pas du féminisme, je suis désolée”, développe l’aspirante vendeuse, qui raconte ne plus se sentir en confiance depuis pour postuler dans d’autres magasins.
Elle regrette par ailleurs que “personne ne [l’ait] défendue” au moment de cet échange. Celle qui a fait cette vidéo notamment pour “montrer à quel point c’est dur de vivre, travailler, étudier en France avec un voile” y a inclus un hashtag, #Stopislamophobia.
L’ouverture d’une enquête interne
Dans son communiqué, qui précise qu’une enquête interne a été ouverte “pour déterminer les faits avec précision”, Etam explique que “la manière dont [la femme] a été reçue par la responsable du magasin (…) ne reflète pas [ses] valeurs” et qu’elle est “une entreprise engagée en faveur de la diversité et de l’inclusion, et s’oppose fermement à toute forme de discrimination”.
L’entreprise précise tout de même ceci : “Nous demandons en revanche à nos employés en contact avec nos clients, conformément à notre règlement intérieur et comme l’autorise la loi, de respecter dans le cadre de leurs fonctions une totale neutralité dans leur expression comme dans leur apparence.” Comme le rappelle Libération, le Code du travail dispose depuis 2016 le fait qu’une entreprise peut inscrire dans son règlement intérieur le “principe de neutralité”. Le quotidien précise par ailleurs qu’en novembre 2017, la Cour de cassation a permis aux entreprises d’interdire le port de signes religieux ou politiques “dès lors que cette clause générale et indifférenciée n’est appliquée qu’aux salariés se trouvant en contact avec les clients”.
Un guide rédigé par l’Observatoire de la laïcité, lui, explique qu’« aucune personne ne peut être écartée d’une procédure de recrutement en raison de ses convictions religieuses ».
Série de polémiques sur le voile en France
Cette affaire de discrimination à l’encontre des femmes voilées n’est pas la première de ce type en France. Décathlon a par exemple renoncé fin février à commercialiser un “hijab de running” suite à un torrent de menaces sur les réseaux sociaux ou dans la vraie vie à l’encontre des employé.e.s de la marque.
Dans le Libé des écrivains du jour, l’écrivaine Annie Ernaux a écrit un texte très fort sur la question, à lire ici.
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