Lundi 14 mai, au moins 59 Palestiniens ont été tués par des soldats israéliens. Des manifestants expliquent pourquoi ils sont prêts à marcher au péril de leur vie.
Les Gazaouis sont en deuil de leur jeunesse. Lundi 14 mai alors qu’Israël et les Etats-Unis célébraient le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem, au moins 59 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne à Gaza. Les manifestants tentaient de franchir la barrière de barbelés qui les sépare d’Israël.
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C’est pour condamner la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’État hébreu par les Etats-Unis mais aussi à l’occasion de « la marche du grand retour » que les Palestiniens se sont réunis. Cette marche organisée du 30 mars au 15 mai, exige chaque année le droit au retour des exilés palestiniens sur leurs terres. Elle est censée se parachever le jour de la « Nakba » (catastrophe en arabe) qui commémore l’exode palestinien en 1948.
Envoyer un message au monde
Lundi 14 mai à Gaza, ils étaient des dizaines de milliers à se rendre le long de la clôture pour réclamer leurs terres perdues et la fin du blocus israélien. Ce fut le jour le plus sanglant depuis les affrontements de 2014. Mais les manifestants semblaient être prêts à en payer le prix à l’instar de Bassem, 23 ans, interrogé par Libération : « Je vais boiter toute ma vie maintenant, mais peu importe, c’est pour la Palestine. »
Jusqu’au sacrifice de leur vie, les Palestiniens demandent au monde de ne pas les oublier : « Beaucoup peuvent mourir en martyrs aujourd’hui, mais le monde entendra notre message : l’occupation doit cesser. » affirme Ali, un professeur de sciences gazaoui interrogé par le Guardian.
Un cri de désespoir
Sur France Culture, Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des universités, président de l’IREMMO (Institut de Recherche et d’Études Méditerranée Moyen-Orient) a tenu à rappeler que » la jeunesse qui se mobilise à Gaza est dans un terreau de désespérance » : « Ces jeunes hommes et ces jeunes femmes n’ont jamais pu sortir de Gaza. Ils sont en prison. » affirme-t-il. La question du rapport à la mort se pose dans des termes que nous ici Européens ne pouvons pas comprendre. »
Une réalité que confirme Mohammad Nabieh au Guardian : “Le blocus nous a enfermés dans une grande cage et nous devons en sortir. J’ai 25 ans et je n’ai presque pas de travail. Qu’est-ce que je suis supposé faire ? »
Selon, le Centre national de coopération au développement : 80 % de la population à Gaza dépend de l’aide humanitaire et 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le chômage s’élève à 42%, et jusqu’à 58% parmi les jeunes.
La jeunesse gazaouie est bloquée dans une situation sans issue. Dans cette impasse, marcher au péril de sa vie est le seul espoir : ‘Parmi les femmes que j’aide, beaucoup sont allées à la marche. Et j’ai compris : plus que la mort, c’était l’impression de vivre libres qu’elles cherchaient en allant là-bas, juste un instant.” confie une jeune entrepreneure de 23 ans à Libération.
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