Un récit d’apprentissage à fleur de peau nimbé d’envolées cosmiques.
Le quotidien de trois jeunes frères habitant avec leurs parents dans une modeste maison à l’écart de la ville. Comme un loup parmi une meute, John, le cadet, tente de trouver sa place au sein de la fratrie. Il dessine pour saisir la beauté de ce qui l’entoure et se découvre de manière progressive des intérêts différents de ceux de ses frères. Alors que la presse américaine l’a beaucoup comparé à Moonlight, on trouvera, pour notre part, le parallèle un peu paresseux.
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Contrairement au film de Barry Jenkins, We the Animals ne fait jamais de l’homosexualité son sujet central. La découverte et l’apprentissage de son protagoniste étant autant d’ordre existentiel, esthétique que sexuel. Vêtu de son grain 16 mm, le film de Jeremiah Zagar tient davantage de l’esquisse pointilliste que du drame social. En se mettant à la hauteur du regard grandissant d’un enfant, témoin d’un tout cosmique et magique où fourmillent les êtres et la nature, le film évoque plutôt Les Bêtes du Sud sauvage de Benh Zeitlin.
Si l’âpreté et la violence de l’existence quotidienne sont tout de même énoncées, cette vie se retrouve enveloppée comme chez Zeitlin, dans une suite d’images cotonneuses, des impressions pour la plupart heureuses, comme si la mémoire avait volontairement oublié tous les mauvais souvenirs pour ne garder que les plus précieux (une escapade en famille près d’un lac, les prémices d’un baiser). Sans vraiment inventer quoi que ce soit, We the Animals reste un récit d’apprentissage à fleur de peau, un portrait délicat dont la belle réussite est de parvenir à englober dans un même geste l’expérience de l’intime et de l’universel, du sensible et de l’abstrait.
We the Animals de Jeremiah Zagar (E.-U., 2018, 1 h 3
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