Col pelle-à-tartelette, chapeaux-cheveux et bijoux sculptures : la sélection « Où est le Cool » de la semaine de la mode féminine Automne-Hiver 2019 s’est montrée pleine de contradictions harmonieuses et de rencontres inattendues.
Sous la coupole du Parti Communiste avec Courrèges
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pour la deuxième collection de la franco-allemande Yolanda Zobel, Courrèges nous transporte au sein de la coupole de l’espace Niemeyer conçue par Oscar Niemeyer en 1970. La salle à l’architecture futuriste s’accorde parfaitement avec l’ambiance créée par la musique concoctée par le talentueux Jeff Mills. Les classiques Courrèges sont repris (sans plastique!), poches rondes, manteaux droits années 60 en vinyle à laquelle la créatrice ajoute découpes et chapeaux perruques par Sara Mathiasson. Fidèle à l’histoire et à la culture yéyé de Courrèges, la créatrice y insuffle un vent techno pour une identité toujours aussi féminine et avant-gardiste.
Sous un chapeau en plumes Koché
Christelle Kocher signe une collection fidèle à l’ADN de Koché et un show grandiose à l’Arena de Bercy, dont on note l’aspect démocratique (plus de 1000 places!). Cette saison, son travail est encore une fois aux frontières entre savoir-faire et sportswear. Mais c’est le caractère si finement féminin et contemporain qui place encore une fois Koché au centre de cette fashion week. Des robes aux biais et découpes précises, en soie et velours orangés et jaune, costumes ceintrés ultra-féminins et chemises pailletés se mêlant sensuellement aux baskets et brassières Nike. Mais c’est le savoir-faire en plumasserie acquis par Christelle chez Maison Lemarié qui fait décoller la collection, avec ses bordures et couvres-chefs en plumes mirobolantes. Chapeau !
Entrelacé sur les colliers-statues sensuels de Y/Project
Glenn Martens nous prouve une fois encore son talent, et sa place cruciale au sein de la mode française. Il signe une collection dont le maitre mot est toujours celui du savoir-faire et du raffinement, puisant toujours dans ses influences allant de l’architecture de sa ville de Brugges à de sa passion pour l’Histoire. Chaque pièce parait plus travaillée que la précédente et la collection est comme toujours remarquée pour les bijoux et accessoires sculpturaux qui l’ornementent. Robes pailletées prêt-du-corps, bottes plissées, immenses manteaux tissés en sangles de cuir et final avec l’apparition de la chanteuse Sevdaliza dans une robe plissée en faux cuir et fausse fourrure plus qu’impressionnante.
Ottolinger – Les chaussures Ottolinger
Les deux créatrices d’Ottolinger nous accueillent au sien du Lycée Jacques Decour pour nous présenter une collection apocalyptique et rêveuse. Peut-être y voyons nous une réflexion sur le monde qui nous entoure, évoluant, parfois trop vite : post-internet, les coupes semblent aléatoires mais sont en réalité très précises. Un travail tout particulier est réalisé sur l’asymétrie, caractéristique de la marque. Mais ce sont les chaussures, plateformes triangulaires dérivées en plusieurs matières, qui attirent tout particulièrement notre attention sur cette collection ! A suivre
Dans le slip en fourrure Studio Pierre
Parce que la fashion week ne se passe pas que sur les podiums, nous avons découvert des perles rares, notamment au Designers’ Apartement du Palais de Tokyo. Le Studio Pierre présente des collections ultra décalées et sensuelles qui tirent leur épingle du jeu. Ludiques, colorées et ironiques : la collection Pierre’s Angels est un mélange bienvenu de matières, allant des bottes en PVC transparentes vertes à des bas roses et doigtés, en passant par un manteau en vinyle rouge brillant ou encore un slip en fourrure. On aime la fraicheur et l’atmosphère de la marque, qui ne laisse cependant pas un rôle secondaire au travail des matériaux, ni aux coupes.
En dansant avec Kenzo
Après son défilé Automne Hiver mixte révélé pendant la fashion week masculine, Kenzo présente Memento 4, une collection annexe qui puise dans les archives de la maison. Articulé par une chorégraphie à l’inspiration voguing et incarné par une troupe de danseurs, le tout admiré depuis les bancs du public mouvants en cercle autour des danseurs. La, on découvre une collection unisexe, un vestiaire versatile et modulable relevé d’imprimés tomate, pour une jeune garde parisienne qui n’écoute pas qu’Edith Piaf. Le tout est couronné par l’anniversaire du fondateur qui a soufflé 80 bougies dans une soirée grandiose façon Palace en grandes pompes. Le résultat? Une identité de marque ou se croisent les genres et les générations.
Dans l’hommage à Karl Lagerfeld de Chanel
Le Dernier show, quelques jours seulement après la disparition du créateur est un adieu tel que Karl l’aurait lui-même imaginé. Dans un décors inspiré d’une station balnéaire enneigée, assis au milieu de chalets traditionnels, le défilé a pris la forme d’une cérémonie : après un son de cloche, les mannequins se sont alignées, et la voix de Karl en franglais s’est faite entendre, racontant son désir d’un show qui donnerait l’impression de « step into a painting » (rentrer dans un tableau). Une minute de silence, puis finalement, le podium. Des looks confrontant codes de la bourgeoisie franglaise – du tweed et du Prince de Galles – à des détails sportifs, ludique et impeccablement coupés. Rest in Peace Karl.
Le nez chaussé de lunettes aviateur CELINE
Dorénavant sans accent depuis l’arrivée du créateur Hedi Slimane à la tête de la création, CELINE prend un tournant radical cette saison. Contrairement au gout du styliste pour les codes underground et adolescents, il a proposé un chic parisien qui daterait d’avant les clichés de la Parisienne si bankable aujourd’hui. Des lunettes aviateurs (tiens, ça faisait longtemps !) façon années 70, des jupes midi, un blazer et des bottes à talon, des jupes culottes, et foulards en soie : ces intemporelles se frottent à des petits blousons et pièces scintillantes, comme un jeu de cache cache avec la culture rock.
Dans le minimalisme Seventies de Lemaire
Un homme, surement pas un garçon, avance dans un ensemble en denim vert sapin et col roulé assorti. Des cols pelle à tarte(lette) revisités par-ci, des détails victoriens par là, et un jeu de transparences et de superpositions ton-sur-ton. Saison après saison, Lemaire, dessiné par Christophe Lemaire et Sarah-Linh Tran, propose un vestiaire harmonieux, en continuation (et non en rupture en quête de nouvelle hype), qui s’accorde et se module autour d’une élégance ou l’équilibre et la justesse sont centraux.
{"type":"Banniere-Basse"}