Au service du rhythm ‘n’ blues depuis près de dix ans, Nick Waterhouse ressuscite un son rétro avec méticulosité et fougue.
Avec son look propret, ses sages lunettes de vue, son teint pâle et ses cheveux soigneusement gominés, Nick Waterhouse pourrait, à première vue, passer pour un discret musicien, planqué en studio ou en fond de scène. En réalité, derrière son air de ne pas y toucher, ce trentenaire californien apporte un élan nouveau à la scène rhythm ‘n’ blues américaine et lui insuffle une vitalité resplendissante.
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Analogique
Son obsession pour un son authentique remonte à l’enfance. Après avoir décortiqué un nombre inavouable de vinyles et travaillé dans un magasin de disques quand il était adolescent, le musicien s’est spécialisé dans l’enregistrement analogique, sur bande magnétique, avec des instruments et des micros d’époque : des outils originaux, sans effets spéciaux, qui ont séduit notamment les Allah-Las (Nick Waterhouse a produit leurs deux premiers albums) et Hanni El Khatib (qui l’a signé dès ses débuts sur son label, Innovative Leisure).
Sans tomber dans la reconstitution historique ni dans l’hommage poussiéreux, Nick Waterhouse enregistre en live, comme ses héros, mais il parvient à s’éloigner du mythe pour créer une œuvre moderne.
“Je me sens parfois un peu seul dans ma démarche, explique-t-il dans son costume chic, un peu comme Che Guevara dans la jungle avec une dizaine de rebelles aussi convaincus que lui. Ça m’arrive de croiser des artistes qui ont une énorme popularité aujourd’hui et de nous trouver des buts communs, mais ils ne croient pas à la révolution comme moi. Le découragement, ça a toujours été une immense motivation pour moi !”
Continuer
Trois ans après Never Twice, ce crooner canaille revient avec un nouvel album qui porte son nom, gorgé de mélodies solaires et de passion palpable. “Des chansons comme Man Leaves Town ou Song for Winners pourraient parler à l’adolescent que j’étais. Quand je vois ce que l’Amérique est devenue, je ne suis pas tellement surpris : on retrouve au grand jour le même genre de brutes qui se moquaient de moi quand j’avais 14 ans… Ce n’est pas une revanche pour moi, simplement le constat de se sentir un peu isolé face aux forces ténébreuses de la culture occidentale. Avant cet album, j’ai eu une période de remise en question et j’ai envisagé de tout arrêter. J’ai rassemblé tout mon argent, comme je l’avais fait pour réaliser mon premier 45t, et j’ai conçu ce nouveau disque sans aucune attache, juste pour voir si j’en avais encore envie. Et j’ai eu la réponse : oui, évidemment, il faut que je continue.”
Tour à tour suave et frénétique, lustré et rugueux, ce quatrième album montre que l’esthète a encore de la suite dans les idées. Si d’autres artistes comme Nathaniel Rateliff ou Leon Bridges partagent ses valeurs et ses visions, on croise les doigts pour qu’il déploie toujours plus loin son savoir-faire digne de la Motown.
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