[En vue de la grève mondiale pour le climat du 15 mars, nous dressons le portrait de jeunes qui s’érigent contre la catastrophe climatique.] Du haut de ses vingt ans, Nakabuye Hilda Flavia s’est lancée un défi de taille : mobiliser les jeunes – et moins jeunes – Ougandais dans la lutte contre le réchauffement climatique. Inspirée par Greta Thunberg, elle est devenue l’une des principales figures de l’écologie en Afrique.
« Save our environment, save our future, Uganda’s temperatures are rising » [« Sauvez notre environnement, sauvez notre futur, les températures ougandaises grimpent », ndlr] Le message affiché sur la pancarte tenue par Nakabuye Hilda Flavia est clair. D’un air déterminé, cette jeune Ougandaise de vingt ans pose devant l’objectif alors qu’elle manifeste dans les rues de Kampala, la capitale de son pays. Depuis bientôt deux ans, elle se bat contre le réchauffement climatique. Aujourd’hui, elle est un symbole d’espoir pour les jeunes générations ougandaises.
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Première étudiante africaine en grève pour le climat
Etudiante en économie à l’université de Kampala, Nakabuye Hilda prend conscience des problèmes liés au changement climatique pour la première fois en 2017, lors d’une conférence organisée par l’ONG Green Campaign Africa. Cette dernière se donne pour but de sensibiliser aux questions environnementales en formant des personnes de tout âge. Elle appelle également les dirigeants africains, souvent pointés du doigt, à agir immédiatement afin de résoudre cette crise.
Si l’Afrique ne fait pas partie des continents qui ont émis le plus de gaz à effet de serre ces dernières années, l’ONG explique qu’il est urgent d’agir car c’est une des régions du monde les plus vulnérables face au changement climatique. Baisse de la productivité agricole, nombre croissant de personnes exposées à des problèmes d’accès à la nourriture et l’eau potable, faibles ressources hydrauliques, inondations des zones côtières et développement de maladies sont autant d’enjeux qu’il est nécessaire de résoudre rapidement.
Nakabuye Hilda est donc devenue une « green campaigner », incitant ses proches à la rejoindre. Mais elle ne s’arrête pas là. Le mois dernier, de la même manière que l’avait fait Greta Thunberg en Suède, elle a commencé à sécher les cours du vendredi afin de rejoindre le mouvement #FridaysForFuture en manifestant dans les rues de Kampala. C’est la première Africaine à avoir rejoint le mouvement.
Did you know @NakabuyeHildaF is the first student from Uganda to skip classes for #ClimateStrike? She says #ClimateChangeIsReal & #ClimateEmergency is now in Africa and her country isn't spared. She's now traversing the the country mobilising students for 15 March @GretaThunberg pic.twitter.com/sd32zhDWTH
— Fridays For Future Uganda (@Fridays4FutureU) February 24, 2019
Une inquiétude croissante face à la situation en Ouganda
Ses revendications ? Lutter contre la dégradation de l’environnement en Ouganda, et plus particulièrement contre la déforestation du pays : « C’est une honte que nos forêts soient remplacées par des déserts », déclare-t-elle en pointant du doigt la responsabilité des hommes et femmes politiques qui ne semblent pas toujours prendre le problème au sérieux.
Elle s’inquiète également de l’oléoduc en construction dans l’est du pays. Ce dernier, qui doit traverser l’ensemble du territoire pour rejoindre la Tanzanie, devrait transporter jusqu’à 200 000 litres de pétrole par jour. Mis en place pour des raisons principalement économiques, Nakabuye Hilda déplore les conséquences écologiques liées au projet : « Il est probable que davantage de dioxyde de carbone soit émis, ce qui affecterait directement les habitants et notre environnement. »
The cruelty of man to our environment has to stop. My country UG is turning into a desert. The past was glorious but the present is polluted. I need #ClimateAction now. I'll continue with #ClimateStrike until adults listen to #FridaysForFuture #KeepMamaAfricaGreen @GretaThunberg pic.twitter.com/IVzlKWxZOF
— Leah Namugerwa (@NamugerwaLeah) March 6, 2019
D’après un classement publié par Greenpeace le 6 mars 2019 sur la pollution urbaine, Kampala serait une ville très polluée. Avec une concentration annuelle moyenne de 54,3 μg/m3 (microgrammes par mètre cube) de particules fines dangereuses pour la santé, la capitale ougandaise est bien au-dessus du seuil maximum recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de 10 μg/m3 par an. En comparaison, Paris est à 15,4 μg/m3 en 2018. Consciente de ce problème, Nakabuye Hilda semble très inquiète : « La dégradation des zones humides, la pollution par les plastiques et le manque de gestion appropriée des déchets en Ouganda m’empêchent de dormir. »
Objectif : « Keep Mama Africa Green »
Depuis plusieurs années, la sécheresse frappe de nombreux pays d’Afrique de l’Est, provoquant une crise alimentaire qui touche près de 12 millions de personnes. Et l’Ouganda n’échappe pas à ce problème contre lequel Nakabuye Hilda a choisi de se battre : « La vitesse à laquelle l’écosystème de notre pays se dégrade est très inquiétante, c’est pourquoi je me bats pour ‘Keep Mama Africa Green' », reprenant le slogan créé par Green Campaign Africa.
Pour cela, elle utilise différents moyens d’action : les mouvements de grève lors desquels elle porte haut des slogans en faveur d’un changement, les réseaux sociaux qui lui permettent de partager ses revendications et de se coordonner avec d’autres jeunes de sa génération, le dialogue avec la population…
Engaging with the Kampala City motorcycle riders during today's #ClimateStrike #Fridays4Future, I advised them about a clean city and demanding their leaders to take #ClimateActionNow to save our environment, our future and #KeepMamaAfricaGreen @GretaThunberg @Fridays4FutureU pic.twitter.com/mUa2PkTGlV
— Nakabuye Hilda F. (@NakabuyeHildaF) March 1, 2019
Depuis peu, elle s’est lancée dans une campagne de mobilisation à travers tout le pays afin d’inviter les jeunes générations à la rejoindre lors de la manifestation mondiale du 15 mars pour le climat : « Notre rôle, en tant que jeunes, est de réunir nos efforts pour mener une action radicale face au changement climatique, déclare-t-elle. Les grèves climatiques introduites par Greta Thunberg ont offert aux jeunes la possibilité d’ajouter leur voix collective à l’action climatique. »
Elle place de grands espoirs dans cet appel au rassemblement qui a déjà atteint 75 pays avec un total de 861 rassemblements – et la liste ne cesse de s’agrandir : « Lors de cette journée, les étudiants se réuniront en grand nombre pour faire entendre leur voix commune, réclamant une action contre le changement climatique et faisant pression pour que les objectifs de l’Accord de Paris soient atteints. »
March 15.
The school strike continues.
524 places in 59 countries and counting…
Everyone is needed.
Everyone is welcome.
Find your closest strike or register your own here: https://t.co/ROmtFMrj6Y #FridaysForFuture #SchoolsStrike4Climate #ClimateStrike pic.twitter.com/LCPIzyvKJ0— Greta Thunberg (@GretaThunberg) March 5, 2019
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