Les médias français raffolent de gens qui donnent leur avis sur le monde avec beaucoup de certitude. Ainsi, on accorde de l’intérêt à l’analyse économique d’Eric Cantona sous prétexte qu’il jouait bien au football, on porte une attention particulière aux prises de position géopolitiques de Gérard Depardieu sous prétexte qu’il est bon comédien et on se passionne pour les points de vue sociétaux de Michel Onfray sous prétexte qu’il est… qu’il est devenu Michel Onfray.
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Ayant repéré cette faille d’obscurité au pays des Lumières, mon idole se la joue philosophe. Il s’agit de Karl Lagerfeld, qui est à la pensée ce que Goethe devait être à l’ourlet. De la à dire que Le Point est tombé dans le panneau, pas certain. L’interview est titré “Karl Lagerfeld : ‘Les zadistes sont un peu sales”. Certes, l’analyse est pointue, mais ce choix de mise en exergue permet au news magazine de nous prouver élégamment qu’il a conscience d’être face au sniper de la fashion week.
Derrière ses lunettes noires, caressant son chat blanc, mon idole, qui garde les couleurs pour habiller les femmes, jubile. Au point qu’il a tenté un coup de poker : “Je déteste Mme Merkel… Si ça continue, j’abandonne la nationalité allemande.” Bam.
Comment l’Allemagne va-t-elle se relever ?
Quel séisme cela a dû être au Bundestag… Angela, tremblante au petit-déjeuner et s’adressant, fébrile, à son mari : “Mein Leben ist kaput… Ich lese ‘Der Punkt’… Ich bin zo traurig…” Les larmes coulent sur son tailleur moutarde qui est en soi une provocation à l’égard du directeur artistique de la maison Chanel.
Comment l’Allemagne va se relever d’un tel camouflet ? Va-t-elle demander un prêt à la Grèce ? Va-t-elle tenter l’Anschluss du Lichtenstein ? Ou pire, interdire l’exportation de la Currywurst ?
Pour conclure, je me rends bien compte que par ces lignes, je ne fais que singer Herr Karl. J’ai donné mon avis, pensant que cela interesserait des gens. Une idole, ça inspire !
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