Le producteur français sort de sa zone de confort electro-pop pour embraser le dancefloor et nous faire danser jusqu’au bout de la nuit.
On le pressentait depuis un petit moment… En fait, depuis la version plus club de son précédent album (Nous Horizon, 2017), la création de son label Partyfine ou encore sa collaboration avec le duo de Brésiliens facétieux Fatnotronic, Yuksek, producteur parmi les brillants issus de la French Touch 2.0 (celle qui mélangeait transe électronique, sueur du rock et mélodie pop d’un même élan), commençait à se rapprocher de plus en plus du dancefloor.
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Nosso Ritmo, son quatrième lp, confirme à merveille ce glissement vers des territoires purement disco et house. “Je pense que j’étais arrivé au bout d’un cycle, nous confie-t-il, mes premiers maxis étaient dans cette lignée, puis je suis parti sur ce son très français qu’on faisait avec Justice et les autres, et aussi par pur plaisir de producteur. C’était une musique très jouissive à produire en studio, avec cette manie de repousser sans cesse les limites du gain et de la compression.”
Des featurings parfois étonnants
On pourrait disserter des heures sur le disco et sa perversité à refuser de quitter la piste de danse, de renaître et se métamorphoser sans cesse, et ce depuis les années 1970. Comme s’interroger sur ses enjeux sociétaux, politiques, intimes et subversifs, qui expliquent pourquoi il redevient la bande-son parfaite de notre époque. Inspiré par la version orchestrée du genre puisant du côté de Philadelphie, mais aussi son pendant plus électronique, Nosso Ritmo a l’intelligence d’aller traîner du côté de l’Amérique du Sud, qui fut une énorme source d’inspiration pour le disco.
“C’est lors d’un voyage au Brésil que j’ai compris l’importance de la musique pour ce pays, nous raconte-t-il. La bossa-nova, par exemple, a été créée par des gens érudits qui faisaient de la musique très élaborée d’un point de vue harmonique, mais sans en avoir l’air, avec ce truc cool qui peut faire passer le changement d’accord le plus tordu. Et puis c’est un métissage d’influences africaines, européennes, latines, de jazz, de disco, de percussions, sans compter la langue qui semble avoir été inventée pour écrire des chansons.”
Rempli à ras bord de featurings parfois étonnants, l’album oscille en permanence de la langueur torride à la fièvre du samedi soir et multiplie les influences. La bossa-nova électrisée sur Bateu, la house bitchy new-yorkaise sur G.F.Y., l’eurodisco sur Rollercoaster, les références à Cerrone sur Corcovado ou le garage le plus cristallin sur Into the Light avec le duo Isaac Delusion.
Un morceau sur lequel est gravée au fer rouge la mention “tube » et qui, porté par l’incroyable voix de falsetto du chanteur, quelque part entre Jimmy Somerville et la diva Sylvester, en fait le parfait successeur du sublime Blind (2007) signé Hercules & The Love Affair avec Antony.
Petit bijou pour dancefloors torrides mais aussi pour canapés post-coïtum, Nosso Ritmo confirme le talent imparable de Yuksek, capable de travailler avec Clara Luciani sur son premier album (et son fameux single La Grenade), d’écrire la bande originale glaciale du documentaire sur l’affaire Grégory ou de télescoper krautrock et baléaric sur son projet Destino. La presse anglaise vient de le nommer comme l’un des trois newcomers de 2020. On a envie de répondre aux Brexiters qu’il était enfin temps !
Album Nosso Ritmo (Partyfine/Believe)
Release party Le 5 mars, Paris (Le Sacré)
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