Convaincante dans son arc policier, la mini-série Le Nom de la Rose s’encombre de digressions narratives et historiques artificielles.
Adaptée du best-seller mondial d’Umberto Eco (déjà transposé à l’écran en 1986 par Jean-Jacques Annaud), Le Nom de la rose ne cache pas ses ambitions. Première coproduction internationale d’OCS, tournée dans les studios de la Cinecittà en partenariat avec la télévision italienne, cette mini-série en huit épisodes réalisée par l’Italien Giacomo Battiato entreprend de conjuguer la fresque historique au suspense policier, mais aussi d’investir une œuvre patrimoniale de résonances actuelles.
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En 1327, la chrétienté est divisée : les troupes fidèles au pape affrontent celles de Louis III de Bavière, futur empereur des Romains, rétif à l’autorité pontificale. Accompagné par son disciple Adso de Melk, l’ancien inquisiteur Guillaume de Baskerville (John Turturro, très à l’aise dans l’habit du moine détective) se rend dans une abbaye isolée pour participer à un débat sur la pauvreté du Christ, opposant son ordre franciscain à l’Eglise. Le duo tente d’élucider une série de meurtres qui ébranle la petite communauté.
Un casting solide mais des dialogues sursignifiants
L’enquête, reposant sur une dynamique héritée du tandem formé par Sherlock Holmes et le docteur Watson (un esprit fantasque à l’instinct de déduction acéré et son contrepoint plus terre à terre), est dépliée de façon convaincante autour d’un casting solide où l’on croise Rupert Everett, Richard Sammel ou même Tchéky Karyo. De l’analyse concrète des scènes de crime à l’affrontement philosophique entre le vrai et le faux, en passant par la chronique minutieuse de la vie monacale, l’abbaye, dont la mystérieuse bibliothèque constitue le trou noir centripète, devient une maison hantée où s’affrontent la lumière et les ombres.
Hors les murs, le trait se fait plus épais, dans les dialogues sursignifiants comme dans la mise en scène, et le geste s’éparpille entre digressions confuses et vignettes didactiques. La série se révèle alors embarrassante dans sa tentative de gonfler le hors-champ du roman pour faire de son contexte historique le miroir politique de notre époque.
S’esquissent ainsi des intrigues secondaires traçant grossièrement des ponts avec les enjeux du monde contemporain (obscurantisme religieux, crise des migrants, luttes féministes) et portées par des personnages réduits à l’état d’éléments de démonstration, inaptes à catalyser un souffle ou une idée.
Le Nom de la rose de Giacomo Battiato, avec John Turturro, Damian Hardung, Rupert Everett. Sur OCS
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