Selon une étude, les préjugés sexistes tuent chaque année en Inde quelque 239 000 petites filles. Il existe dans le pays une forte discrimination postnatale à l’encontre des filles.
Malnutrition, manque de soins, absence de vaccination… En raison de ces négligences, quelque 239 000 petites filles âgées entre 0 et 4 ans meurent chaque année en Inde, selon une étude publiée dans The Lancet. 22 % de la mortalité des jeunes filles est attribuable aux préjugés sexistes. Cette surmortalité féminine est notamment due au faible développement économique, à l’inégalité entre les sexes et à une fécondité élevée.
L’étude assure qu’il existe une forte concentration spatiale de la discrimination postnatale à l’encontre des filles en Inde. Les taux les plus élevés de surmortalité féminine pendant l’enfance ont été enregistrés dans le nord de l’Inde, où se trouvent des districts ruraux, agricoles, caractérisés par une forte densité de population. Des régions pauvres au haut taux de natalité et d’illettrisme. En revanche, presque aucune surmortalité féminine n’a été signalée dans la plupart des régions du sud de l’Inde et dans plusieurs régions intérieures à forte population tribale, relèvent les chercheurs.
Réduire la discrimination dans le pays
Beaucoup d’avortements ont lieu dans le pays en fonction du sexe du bébé. « La discrimination fondée sur le sexe ne les empêche pas seulement de naître, elle peut aussi précipiter la mort de celles qui sont nées », déclare l’un des auteurs de l’étude, le démographe Christophe Guilmoto, de l’université Paris Descartes.
« L’effet considérable des préjugés sexistes sur la mortalité en Inde souligne la nécessité d’un engagement plus proactif sur la question de la discrimination sexuelle postnatale et de mettre l’accent sur les districts du Nord », indiquent les chercheurs. Nandita Saikia, démographe indienne de l’IIASA en commentaire de l’étude affirme : « Comme le démontre les estimations par régions des morts en excès chez les filles, toute intervention pour réduire la discrimination dans la répartition de la nourriture ou les soins médicaux devrait par conséquent en cibler certaines en priorité (…) où persistent la pauvreté, un faible développement social et des institutions patriarcales ».