Dans sa série « Cause I’m A Man », la photographe Emma Birski raconte en images la transition de son petit frère de 15 ans, Noé.
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A la recherche d’un sujet pour un projet photographique dans le cadre de ses études, Emma, 21 ans, s’est naturellement tournée vers une histoire se déroulant au sein de sa propre famille : la transition de son petit frère Noé. Né dans un corps de fille – à l’origine, ses parents l’avaient appelé Garance – Noé a ressenti très tôt son besoin de vivre sa réelle identité, celle d’un garçon. Il l’annonce à ses parents via une lettre, et envoie des articles explicatifs à sa grande soeur afin qu’elle comprenne ce qu’il traverse. Au moment de sa puberté, il choisit d’entamer une hormonothérapie.
Emue par le changement dont elle est témoin – aussi bien physique qu’émotionnel, Noé étant véritablement soulagé par son choix – Emma documente la transition de son frère dans sa série photo « Cause I’m A Man » (« parce que je suis un homme »), des clichés aux tons clairs volontairement légers afin de montrer que le changement de genre n’est pas forcément une expérience dramatique. Un projet puissant et intime, que la photographe nous raconte en quelques mots.
Qu’est ce qui t’a donné envie de documenter un parcours si intime que celui de la transition de ton propre frère ?
Emma Birski : Au début l’idée de faire cette série m’est venue de façon un peu opportuniste. J’avais besoin de faire des séries photos avec des vrais propos, et le sujet de la transidentité n’avait jamais vraiment été encore abordé dans le milieu de la photo « plasticienne ». Je me suis dit que c’était l’occasion. Et au final, en voyant à quel point mon frère le vivait mal, j’ai réalisé que c’était un sujet incompris. J’ai fini par réaliser cette série avec une vraie volonté de montrer les choses sous un autre angle, pour faire comprendre à ceux qui ne comprennent pas.
Tu as volontairement choisi un angle plus « pop », moins dramatique que d’autres photoreportages. Pourquoi ce choix ?
Habituellement c’est un sujet qui est traité de façon super sombre, triste, mélancolique. Ça donne vraiment l’impression que c’est un fardeau. Alors que, même si c’est effectivement dur à vivre, c’est une libération pour mon frère. Le début d’une nouvelle vie où il peut enfin être lui-même. C’est pour ça que je l’ai traité de cette façon. On a besoin de montrer que ce genre de transformation, ça peut aussi bien se passer.
« Ce qui arrive à mon frère peut arriver à n’importe qui, ce n’est pas un choix, on naît comme ça, et oui, parfois, la nature peut se tromper » (extrait du texte de présentation de la série « Cause I’m A Man »)
Comment ton frère a t-il réagi quand il a découvert ces photos ?
Mon frère avait du mal à se regarder en photo, et il a même fait la gueule pendant une bonne heure après le shooting. Il est assez mal dans sa peau, à cause de son corps encore trop féminin. J’ai même été obligé de retourner le miroir qui était juste en face du fond de studio pour qu’il ne se voit pas dedans. Ça s’est légèrement arrangé ensuite, après retouche et tri des images, mais il a toujours du mal à se voir en photo.
Que visais-tu à travers ce projet ?
Je voulais montrer un aspect plus cool de la transidentité et aussi viser les gens qui on du mal à comprendre le sujet. Certes, une simple série photo ne pourra pas changer les opinions de certaines personnes, mais au moins, elle pourra peut-être aider les moins coincés à comprendre un peu mieux le pourquoi du comment. Dans l’idéal j’aimerais beaucoup continuer ce projet avec des minis interviews vidéo de transgenre, en mode question/réponse.
Photos du diaporama : © Emma Birski, « Cause I’m A Man ».
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