Performance multimédia, Birdie interroge la situation des réfugiés en Méditerranée, singulièrement dans l’enclave espagnole de Melilla. Le spectacle a été récompensé par un Lion d’argent à la Biennale de Venise en 2015.
Les migrations font partie de l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui, les populations qui tentent de gagner les rivages de l’Europe le font pour différentes raisons et par différents moyens. Si elles cherchent à emprunter des voies légales, ces populations sont également prêtes à risquer leur vie pour échapper à l’oppression politique, à la guerre et à la pauvreté, ainsi que pour rejoindre leur famille, travailler et accéder à l’éducation.
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En 2015 et 2016, l’Union européenne a connu un afflux sans précédent de réfugiés et de migrants. Plus d’un million de personnes sont arrivées dans l’UE, la plupart d’entre elles ayant fui la guerre et le terrorisme qui frappent la Syrie et d’autres pays.
Le choix de la métaphore
A ce moment-là, les membres de l’Agrupación Señor Serrano entamaient les recherches pour leur nouveau spectacle, Birdie. Rapidement submergés par le flot d’informations journalistiques, de vidéos et autres commentaires sur les réseaux sociaux invitant soit à la honte, soit à la colère, au rejet ou à la culpabilité, ils ont choisi la métaphore pour traiter de cette crise qui explosait au visage de l’Europe développée.
Sweat-shirt rouge, le dos face au public, regard au lointain, une figure demeure ainsi, immobile, assise dans un coin de la scène, pendant tout le temps que dure Birdie. Tournée vers un lointain que d’aucuns souhaiteraient voir, ou pas, ou alors différemment.
Une performance multimédia entre fiction et documentaire
Une réalité des rives de la Méditerranée saisie par le photographe José Palazon et révélée en un cliché sur sa page Facebook en 2014, qui a fait le tour du monde et la une du journal espagnol El Mundo. Saisissante, presque surréaliste, la photographie montre une joueuse de golf concentrée sur son swing sous le regard attentif de son coach alors qu’une dizaine de migrants est suspendue au sommet de la grille haute de six mètres qui borde le green à la frontière avec le Maroc, dans l’enclave espagnole de Melilla.
Birdie, qui commence par une analyse descriptive de cette photo, force le regard jusqu’à l’intérieur de l’image, au-delà du cliché, au sens propre comme au figuré. Cette performance multimédia entre fiction et documentaire s’empare de la réalité à la volée, traite le politique par le métaphorique, s’inspire des Oiseaux d’Hitchcock qui, singulièrement, disparaissent des images comme ceux dont on voudrait masquer la présence mais que l’on ne peut s’empêcher d’ignorer.
C’est à un travail minutieux, d’une extrême délicatesse, que se livrent sur le plateau Alex Serrano, Pau Palacios et David Muñiz, suivant caméra au poing tout un monde d’objets et d’animaux réunis à même le sol, composant à partir de cette image liminaire l’histoire de la vaste et laborieuse errance d’une humanité en déshérence.
Birdie par l’Agrupación Señor Serrano, les 17 et 18 mai à l’Espace Pierre-Cardin (Paris VIIIe), dans le cadre du festival Chantiers d’Europe
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