Fabrice Luchini dans un soporifique imbroglio d’usurpation littéraire
On lit beaucoup et vite, dans les films sur le milieu de l’édition : les vieux types sérieux qui les peuplent (ici, Fabrice Luchini) y commencent toutes leurs scènes en refermant un 10/18, et les terminent en se plongeant dans un manuscrit relié (budget Copy- Top astronomique, à en croire l’accessoiriste), non sans en avoir remué les pages de manière frénétique. Comme si c’était comme ça qu’on lit dans le métier.
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Ce n’est certes pas le moindre des clichés proposés par Le Mystère Henri Pick, film d’enquête familio-littéraire – une éditrice découvre et publie le manuscrit d’un pizzaïolo breton décédé qui devient un succès de librairie, mais un critique star veut démasquer ce qu’il estime être une supercherie – dont on ignore à qui incombe la lourdeur : peut-être à l’imaginaire très “théâtre privé” de son réalisateur Rémi Bezançon ; peut-être aux intrigues grossières de son auteur adapté, David Foenkinos.
Mais c’est un symptôme clé d’un film qui s’épuise à mettre de la vitesse et du spectaculaire dans la bibliophilie, et se perd dans les pires caricatures de cet univers. A commencer par sa vision de ce qui fait un bon livre, voire de ce qui fonde le talent : le secret, le croustillant, la story et les révélations. Comme dans beaucoup de ces films et livres sur des romanciers usurpateurs vivant sur l’œuvre d’un inconnu défunt (Un homme idéal avec Pierre Niney), on se demande si l’auteur a déjà connu un véritable plaisir littéraire.
Le Mystère Henri Pick de Rémi Bezançon (Fr., 2019, 1 h 40)
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