Pour leur 35ème édition ramassée autour de 8 catégories seulement, les Victoires de la Musique ont consacré Clara Luciani et Philippe Katerine en artistes de l’année, récompensé Angèle et PNL, révélé Pomme et honoré Alain Souchon. Au final, reste la question posée d’une diversité musicale mal représentée au palmarès 2020.
Depuis La Seine Musicale, la 35ème édition des Victoires de la Musique commençait très mal avec le discours d’un président d’honneur abhorrant la presse, Florent Pagny, et reconverti en porte-parole du SNEP. Pour la première Victoire décernée à la création audiovisuelle, c’est PNL qui remporte le trophée pour son clip vertigineux tourné en haut de la Tour Eiffel, Au DD. Sans surprise, les frères des Tarterêts, Tarik et Nabil Andrieu, n’avaient pas fait le déplacement jusqu’à Boulogne-Billancourt pour recevoir leur récompense.
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Après un long tunnel, notamment assombri par la chanson de l’année attribuée au duo Vitaa & Slimane, c’est Clara Luciani qui a déjoué tous les pronostics dans la catégorie reine de la soirée, soufflant la Victoire de l’artiste féminine à Angèle (sa collègue de label chez Initial Artist Services au succès stratosphérique) et Catherine Ringer (son aînée mitsoukienne, déjà honorée en 2012). “Je rêve, pince-moi pour voir/J’avoue j’ai de mal, j’ai du mal à le croire”, chantait-elle en début de soirée, après avoir interprété le single Nue. Des paroles finalement visionnaires à l’instar du titre de son premier album, paru en avril 2018 : Sainte-Victoire. En double couverture cette semaine, Clara Luciani, 27 ans, se souvient comment La Femme lui a offert ses premières scènes, avant des lendemains qui chantent.
En face de la nouvelle reine de la pop française, il fallait un roi idoine, Philippe Katerine, enfin récompensé après trente ans d’une carrière incomparable, des chansons bossanova aux tubes intergénérationnels, comme il le confessait à l’occasion d’un récent numéro dont il fut notre rédacteur en chef invité. “La confiance, c’est comme au ping-pong, il n’y a rien de tel pour lâcher ses coups”, déclarait-il sur scène, avec le sourire du vainqueur tardif mais enthousiaste. Avant de saluer “les artistes nommés avec phallus et les artistes avec utérus”, en espérant que les deux catégories puissent un jour “jouer dans la même cour” et suggérant de nouvelles catégories (les artistes drogués/clean). Auteur du meilleur discours à rallonge de la soirée, Philippe Katerine s’est félicité de n’avoir suivi aucun cahier des charges depuis Les Mariages chinois (1991). Ces deux victoires majeures couronnent Clara Luciani à son premier album et Philippe Katerine à son dixième chapitre discographique, qui ont rendu hier soir un hommage complice à la regrettée Marie Laforêt.
https://www.youtube.com/watch?v=LXZ6q-kVNEU&feature=youtu.be
Dans un palmarès plutôt équilibré (les trophées attendus pour Angèle en concert et pour le déjà multirécompensé Alain Souchon en album, mais quid de Lomepal ?) et sans Victoire doublée, l’impératif de lisibilité de la nouvelle formule des Victoires de la Musique nuit fatalement à la représentativité des genres musicaux.
Artiste masculin : Philippe Katerine
Artiste féminine : Clara Luciani
Album : Âmes fifties d’Alain Souchon
Chanson originale : Ça va ça vient de Vitaa & Slimane
Concert : Angèle
Création audiovisuelle : Au DD de PNL
Révélation scène : Suzane
Album révélation : Les Failles de Pomme
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