Jeudi 31 janvier, Emmanuel Macron a convié plusieurs journalistes pour leur livrer sa vision de l’actualité.
« J’ai beaucoup appris de ces vingt mois. Ça m’a scarifié » Pendant plus d’une heure et demie, le président de la République s’est confié aux journalistes de BFM TV, Paris Match et du Figaro. En pleine crise des « gilets jaunes », il leur a livré son analyse de l’actualité, évoquant ses erreurs passées, ses espoirs et ses craintes pour l’avenir.
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Macron « gilet jaune », vraiment ?
Le président français a profité de cette rencontre pour donner sa définition du mouvement des « gilets jaunes » qu’il considère avant tout comme « polymorphe » : « C’est un mouvement social et politique sans revendication fixe, sans leader, hors de l’entreprise et qui a subi plusieurs mutations. » Avant de résumer : « Les gilets jaunes, c’est la France qui ne vit pas bien de son travail ».
Il a également déclaré : « Si être gilet jaune, ça veut dire qu’on est pour que le travail paie plus et que le Parlement fonctionne mieux alors je suis gilet jaune » Mais un « gilet jaune » discret alors, qui ne prend pas trop de place. Car juste après, le Président a critiqué la visibilité offerte aux grandes figures du mouvement par les chaînes d’information en continue : « Jojo avec un gilet jaune a le même statut qu’un ministre ou un député ! »
"Jojo avec un gilet jaune" … en plein #GrandDébat où chaque citoyen est invité à s’exprimer, où chaque voix est censée compter, où l’heure devrait être à l’apaisement… https://t.co/tmC93OIkMO #compol
— Christian Delporte (@chdelporte) January 31, 2019
« On est dans la dissolution des esprits »
S’il y a bien une chose sur laquelle le président de la République ne flanchera pas, c’est le maintien de « l’ordre ». Après avoir déclaré faire la différence « entre les ronds-points et ceux qui viennent manifester le samedi », il a très clairement dénoncé les actes de violence commis durant les différentes manifestations de « gilets jaunes ». Selon lui, « 40 à 50 000 militants ultras qui veulent la destruction des institutions » se seraient infiltrés lors de ces dernières.
En cause ? La « fachospère » et la « gauchosphère » contre lesquels il met en garde. D’après lui, les extrêmes ont radicalisé le mouvement à travers les réseaux sociaux. Il déclare : « Il y a une forme de dévitalisation quasi physiologique de la démocratie. On est dans la dissolution des esprits, comme dirait Blum. »
Vers la fin des petites phrases ?
Les « petites phrases », ces déclarations polémiques – maladroites pour certains, arrogantes et inadmissibles pour d’autres – adressées aux citoyens français, semblent être monnaie courante pour Emmanuel Macron. Pourtant, elles pourraient bientôt disparaître puisque ce dernier regrette qu’elles aient nourri un « procès en humiliation ».
Il dénonce ici « le système » qui, d’après lui, serait responsable, avant d’ajouter « J’ai toujours été sincère et je n’ai jamais voulu blesser ». Mais il s’est dit prêt à raréfier ce genre d’intervention puisque, selon lui : « Dans le système où nous vivons, cette franchise n’est plus possible parce que je suis président de la République ». Pourtant, le chemin semble encore long. Quelques minutes après avoir annoncé qu’il allait « faire beaucoup plus attention », le Président lâchait, non sans ironie, le fameux « Jojo, le gilet jaune ».
La faute aux ministres
Si les Français sont en colère, d’après Emmanuel Macron, c’est parce que l’Etat n’évolue pas assez rapidement : « Il sait gérer les crises mais fonctionnerait trop lentement au quotidien. » Et les principaux responsables de cette lenteur ne seraient autres que… les ministres. Selon lui, ils ne dirigent pas assez leurs administrations respectives : « Le gouvernement ne met pas suffisamment de force et de pression sur le sujet ».
Mais il est hors de question de changer de gouvernement : « Si je voulais faire comme on fait toujours pour régler une crise, je ferais un ‘Grenelle’, une dissolution et un changement de gouvernement. Mais jouer sur le clavier institutionnel classique, c’est se défausser de sa responsabilité. En conscience, je ne le ferai pas. »
Redéfinition d’un débat national européen
La solution, le président de la République la voit dans le « débat permanent ». Alors qu’il s’est déjà rendu dans plusieurs communes françaises dans le cadre du « grand débat national », il souhaite redéfinir « un projet national et européen ».
Pour cela, il compte notamment sur les relais locaux, déjà très sollicités pour organiser des débats dans les différentes régions de France. Évoquant des « intercommunalités forcées », il déclare : « Il faudra rebâtir des formes locales de délibérations » sans donner plus d’indications concernant les contours de ces dernières. Il a tout de même annoncé de possibles projets tels une « nouvelle République » ou encore un référendum, sans donner, cette fois encore, plus de précisions.
Les européennes en vue
Malgré les événements contestataires qui secouent la France depuis plus de deux mois, le chef de l’État ne semble pas perdre de vue les élections européennes du 26 mai. Pour l’instant, rien n’est établi, que ce soit en matière d’annonce – sous forme de discours ou d’entretien – mais également en ce qui concerne la composition de la liste.
Il précise cependant qu’elle sera « plus claire » que celle du Rassemblement national qu’il juge très floue au niveau de sa position sur l’euro. Il déplore par ailleurs le bilan « lamentable » de Marine Le Pen ainsi que celui des Républicains.
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