Le meilleur des expositions d’art contemporain dans toute la France en mars 2019.
L’art minimal au féminin
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S’il fallait caractériser la grande tendance de l’année qui s’ouvre, il ne faudrait peut-être pas tant aller voir du côté de l’émergence que de la redécouverte. En décembre, la Tate Britain annonçait dédier leur accrochage permanent à la célébration d’œuvres de femmes artistes à travers les six dernières décennies. De manière générale, les temps sont à la redécouverte de femmes artistes oubliées de l’écriture de l’histoire. C’est le cas ce printemps de Rosemarie Castoro, mise à l’honneur par la galerie Thaddaeus Ropac qui lui dédie les quatre étages de son site du Marais.
Active dans les années 1970, elle infuse le vocabulaire du minimalisme américain, chasse gardée d’une masculinité droite dans ses bottes, d’une touche de sensualité et d’humour. Ses sculptures, en apparence abstraites, figurent en réalité une procession de cils ou alors une touffe de poils d’aisselles. Plus haut, des mots disposés sur une page arpentent l’intervalle entre partition et poésie. Organique, sensuelle, son abstraction se charge d’échos à la danse, l’artiste venant elle-même activer certaines de ses œuvres – elle s’y adonne sans public, dans l’intimité de l’atelier, exposant alors uniquement la documentation de ses actions. Seconde femme de Carl Andre, et souvent réduite à ce statut, son œuvre malicieuse, et doucement perverse, se révèle pour elle-même.
• Wherein Lies The Space, jusqu’au 30 mars à la galerie Thaddaeus Ropac à Paris
Métaphysique de la présence
Thomas Schütte ne badine pas. La sculpture, il y vient par la grande porte : chez lui, il sera question de la vie et la mort, de l’exil et de l’accueil, de la figure humaine éternelle et complexe. Né en 1954, l’artiste allemand formé auprès de Gerhard Richter à l’Académie des arts de Düsseldorf porte en lui une gravité qui refuse de céder l’art à la civilisation de l’image. En carton, bois, céramique, cire, verre ou pâte à modeler, les sculptures de Thomas Schütte ne sont pas faites pour se dilapider dans la circulation des clichés que l’on pourrait en faire, et encore moins se dissoudre dans l’attention parcellaire de l’économie du spectacle.
Celui qui réalisait pour son diplôme un modèle architectural de sa propre tombe intime que l’on soit présent à ses œuvres. Leur contemplation est alors presque un exercice métaphysique en soi, une expérience de la présence radicale d’une altérité : qu’elles soient miniatures ou grandeur nature, ses sculptures, maquettes et éléments d’architecture commandent l’attention. Collectionné par le Centre Pompidou à Paris, le Carré d’Art à Nîmes ou le Musée de Grenoble, cela faisait plusieurs décennies que l’on n’avait pu en faire l’expérience en France. Un tort que viendra réparer l’exposition de la Monnaie de Paris, avec en perspective une leçon de sculpture.
• Trois actes de Thomas Schütte, du 15 mars au 16 juin à la Monnaie de Paris
Pharmacologie du contemporain
En mars dernier, sa pharmacopée s’étalait en couverture d’Artforum, la bible de l’art contemporain. A la rentrée, la Tate lui consacrait le solo-show « The Ballad of Saint Jérôme ». Jeune artiste basé.e entre Londres et Berlin, Jesse Darling réalise des sculptures et des installations qui explorent le corps prisonnier au sein de ce « conte de fées arbitraire et violent » qu’est l’écosystème capitaliste contemporain. Ses sculptures figurent des fœtus, des lions affublés de casquettes, des membres ou des résidus pharmacologiques juchés sur des barres d’acier. Héritièr.e des théories de la biopolitique de Foucault, traducteur.rice visuel.le de l’entreprise de dénaturalisation du genre de Paul. B Preciado qui rappelait « prendre de la testostérone non pas pour me transformer en homme mais pour trahir ce que la société a voulu faire de (lui) », Jesse Darling était déjà realtivement présent.e sur la scène française. Représenté.e par la galerie Sultana à Paris, exposé.e dans le cadre de la Biennale de Rennes à la rentrée, on retrouve désormais l’artiste dans le cadre d’une exposition solo organisée par Triangle France – Astérides à la Friche a Belle de Mai à Marseille.
• Crevé de Jesse Darling, du 16 mars au 2 juin à la Friche la Belle de Mai à Marseille
Les cyberféministes s’exposent
En 2015, les membres du collectif Laboria Cuboniks mettaient en ligne le manifeste Xenofeminism. A Politics for Alienation. Par « xénoféminisme », les membres du collectif, dont Helen Hester ou Patricia Reed, entendaient impulser une réflexion techno-critique prenant la suite des cyberféminismes des années 1990. Pour les artistes et théoriciennes impliquées, il s’agit de débusquer les discriminations sexuelles contenues dans les outils technologiques et à terme, les transformer en alliés d’une célébration à venir de la multiplicité des genres et des individualités. A la Gaîté Lyrique, l’exposition Computer Grrrls invite une vingtaine d’artistes et de collectifs à se pencher sur le rôle des femmes dans l’aventure informatique. Parmi elles, les artistes Aleksandra Domanović, Lauren Huret ou Tabita Rezaire proposeront des approches sensibles d’une relecture des récits fondateurs de l’hypermodernité
• Computer Grrrls. Histoire.s, genre.s, technologie.s, du 14 mars au 14 juillet à la Gaîté Lyrique à Paris
100% écoles d’art
Dans le secret des écoles, le futur murit. Le vivier créatif que sont les écoles d’art accède de plus en plus à la visibilité avant même que les étudiants n’en soient sortis et ne fassent leurs premières armes dans le monde de l’art. A la rentrée le prix ARTAGON, exposition réunissant un ensemble d’étudiants sélectionnés au sein d’un maillage international d’écoles, inaugurait sa quatrième édition. Ce printemps, La Villette accueille la quatrième édition du festival 100% et donne carte blanche à 6 écoles françaises : les Beaux-Arts de Paris (ENSBA), l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD), La Fémis, l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy (ENSAPC), l’Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle (ENSCI – Les Ateliers) et l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Malaquais. Au programme, une sélection par écoles visant à offrir un échantillonnage le plus vaste possible des pratiques que l’on y cultive, où se lira forcément en creux également les enjeux de professionnalisation et la difficile insertion dans un système contesté qui taraudent de plus en plus tôt les futurs artistes.
• 100% l’EXPO – Sorties d’écoles, dans le cadre du Festival 100%, du 20 au 31 mars dans la Grande Halle de la Villette à Paris
<< à lire et à voir aussi : Jean-Michel Wicker à la galerie Edouard Montassut à Paris ; Atelier E.B à Lafayette Anticipations à Paris ; Tainted Love à la Villa Arson à Nice ; Theaster Gates au Palais de Tokyo à Paris ; Tarek Lakhrissi à la Galerie Noisy-le-Sec ; MOBILE/IMMOBILE aux Archives Nationales à Paris ; Lauren Huret au Centre Culturel Suisse à Paris ; Victor Vasarely au Centre Pompidou à Paris >>
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