Loin de la mouvance show off permise par la technologie des derniers films animaliers, ce docu propose une balade poétique dans la forêt de la Baltique.
Dans les bois sort dans un climat de révolution esthétique du documentaire animalier. Depuis une vingtaine d’années, il s’est métamorphosé en tirant parti des nouvelles technologies de prises de vues. Du succès inattendu de Microcosmos (1996) au blockbuster de la BBC Planète bleue (2018), en passant par Le Peuple migrateur (2001) et La Marche de l’empereur (2005), le film animalier est devenu un genre populaire. Si la caméra de Microcosmos tournait en pellicule, elle s’appuyait déjà sur des mouvements informatisés. Les caméras numériques ont ensuite libéré le genre des limites de captation de l’argentique tandis que la récente apparition des drones lui a donné la possibilité de traquer les animaux là où l’homme n’aurait pu aller sans les faire fuir.
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Ces avancées techniques ont fait entrer le genre dans une esthétique du spectaculaire. Les ingrédients utilisés pour nourrir cette spectacularisation à outrance sont à chaque fois les mêmes : voix off à tendance anthropomorphique, puissance de la musique symphonique et montage visant alternativement effet de suspense et de pathos. Dans les bois est, heureusement, le contre-exemple parfait. Ici, ni voix off ni musique mais, pendant une heure, une promenade saisissante et immersive dans l’intimité des dernières forêts primaires de la Baltique, peuplées de loups, caribous, aigles, araignées, serpents et biches. S’il comporte certaines séquences “palpitantes”, comme cet incroyable combat de grands tétras, elles ne sont pas surdécoupées par la mise en scène, mais plutôt laissées dans la continuité du plan-séquence.
C’est un film où l’on observe le règne animal plus qu’on ne l’instrumentalise, qui en amplifie la beauté sans la dénaturer. On le doit à un étudiant en biologie, défenseur de ces forêts qu’il chérit et passé par les plateaux de Sarunas Bartas et Sergei Loznitsa. Il a passé quatre ans tapi sous les frondaisons, au fil des saisons, attendant parfois plus de deux jours pour que sa présence n’éveille plus le soupçon de ses acteurs. Plastiquement superbe et débarrassé de tous les écueils du genre, Dans les bois est un documentaire animalier d’auteur des plus réussis.
Dans les bois de Mindaugas Survila (Lit., Est., All., 2017, 1 h 03)
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