Benoît Hamon, qui a renommé son mouvement « Génération.s », a affirmé : « Je ne sais pas si la frontière avec la France insoumise est imperméable ».
Les lignes semblent bouger, entre la France insoumise (LFI) et Benoît Hamon. Ce dernier a lancé son nouveau mouvement, Génération.s, les 2 et 3 décembre au Mans. Étaient présents des délégations des écologistes, des communistes, des socialistes et des insoumis. Parmi les représentants de LFI, le député Bastien Lachaud a confié à Libération voir d’un bon œil ce mouvement naissant : « C’est bien d’avoir un mouvement dans l’opposition, c’est important pour faire reculer le gouvernement. »
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« Qu’accepterons-nous, et quand nous retirerons-nous du jeu? »
Un passage du discours que Benoît Hamon a prononcé a particulièrement attiré l’attention des insoumis : celui qui concernait l’Europe, éternelle pomme de discorde entre ces deux branches de la gauche. Les membres du mouvement de Jean-Luc Mélenchon ont cru déceler une amorce de changement d’orientation chez Benoît Hamon lorsqu’il a dit :
« Nous refusons l’Europe sans politique défendue par les néo-libéraux, mais aussi la politique hors de l’Europe des nationalistes. Nous leur opposerons un bloc progressiste européen ».
Ou encore quand il a affirmé qu’il souhaitait construire une « stratégie du bloc européen progressiste », en considérant sans complexes l’éventualité d’une sortie des traités en cas d’échec des renégociations : « Qu’accepterons-nous, et quand nous retirerons-nous du jeu de façon à ce que tout le monde comprenne qu’on peut vaincre le néolibéralisme en restant européen et internationaliste », s’est interrogé l’ancien socialiste.
Hamon sur l'Europe samedi au Mans (Il y avait quelques coquilles donc je la remets) pic.twitter.com/THbpCxMHud
— Stéphanie Lerouge (@stephlerouge) December 3, 2017
Pas encore de « plan B » au programme de Hamon
Jean-Luc Mélenchon et le député insoumis Eric Coquerel ont accueilli ces déclarations en leur donnant leur assentiment sur Twitter. Le premier en lui souhaitant la « bienvenue au Plan B », le second en s’en félicitant également : « Tant mieux, tout ce qui éloigne d’une vision social-démocrate va dans le bon sens ».
Bienvenue au «Plan B» si Hamon est prêt à «sortir du jeu» de l'Europe comme il l'a dit à sa réunion au Mans.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) December 3, 2017
Mes amis présents au Mans me disent que @benoithamon progresse vers notre méthode plan A/ plan B pour l'UE. Tant mieux, tout ce qui éloigne d'une vision Social-démocrate va dans le bon sens #GENERATIONS
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) December 3, 2017
Des proches de Benoît Hamon, membres de Génération.s, ont cependant calmé leur enthousiasme en précisant que leur leader n’avait pas mentionné de « plan B », auquel ils restent opposés.
Benoît Hamon n’a jamais dit qu’il fallait un plan « B » pour sortir de l’Europe. Il a dit l’inverse: qu’il fallait s’organiser dans le cadre européen pour battre le néo-liberalisme. Il faut de l’honnêteté dans le débat politique, autrement on n’y comprend plus rien…
— Guillaume Balas (@BalasGuillaume) December 3, 2017
En dépit de ces nuances, l’ancien ministre de d’Éducation nationale de François Hollande a réaffirmé ce 4 décembre sur France Inter que le dialogue avec LFI n’était pas exclu, et qu’il pouvait même y avoir des porosités entre eux. « L’Europe est-elle la ligne rouge, le mur qui vous sépare de La France insoumise ? […] C’est sur ce point qu’il semble y avoir une frontière imperméable… », l’interroge Nicolas Demorand. « Mais je ne sais pas si elle est imperméable, répond Benoît Hamon. On verra dans les semaines qui viennent. Il y a des débats à LFI comme dans toutes les formations politiques […] ».
« Il ne faut pas jeter l’Europe avec le néolibéralisme »
En revanche, l’ancien candidat du Parti socialiste à la présidentielle a bien distingué son projet d’une sortie pure et simple de l’Europe : « Je veux rompre avec ce néolibéralisme qui précipite l’Europe vers sa chute, mais je crois profondément qu’il ne faut pas jeter l’Europe avec le néolibéralisme. » D’où sa volonté de former un bloc progressistes européens dans lequel socialistes, écologistes et gauche radicale pourraient se retrouver. A condition de ne pas croire que l’Europe soit « par nature libérale ».
Dans L’Émission politique, la semaine dernière, Jean-Luc Mélenchon avait laissé échapper cette phrase un brin optimiste à propos de Benoît Hamon : « Il est sur le bon chemin, laissez-le mûrir ! » Leur irréductible désaccord sur l’Europe montre que la situation n’est cependant pas encore tout à fait prête.
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