La créatrice d’Agrippine ou encore de Les Mères est décédée à l’âge de 79 ans.
Toutes les femmes ont aujourd’hui envie de rendre hommage à Claire Bretécher, pionnière dans le monde (très masculin) de la bande dessinée, seule femme à avoir signé dans les principales revues de BD franco-belges dès les années 1960, à y avoir imposé un ton pas « cucul » pour deux sous, au contraire acide, caustique, et un trait, du genre rapide et sans concession.
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Pour plusieurs générations de lectrices, sa représentation de la femme, mais aussi de l’homme, ont prouvé qu’on pouvait représenter les genres différemment, nous ont permis de nous retrouver dans ses portraits de filles, de mères, dans tous nos petits travers, dans nos problèmes, dans ses corps de femmes (voir sa série Cellulite) plus réalistes que ceux des héroïnes représentées par ses homologues masculins. De la mère dans Les Mères, ou des ados dans Agrippine (inspirées de ses filles) comme d’une certaine classe moyenne, une bourgeoisie de gauche éclairée dans sa BD la plus célèbre, Les Frustrés, son regard était du genre pas dupe, mais tendre à la fois.
C’est avec une profonde tristesse que les éditions Dargaud annoncent le décès de Claire Bretécher, le 11 février 2020, à l’âge de 79 ans. https://t.co/h0BgM6sbIx pic.twitter.com/jF01lQuB7x
— Editions Dargaud (@EditionsDargaud) February 11, 2020
Farouchement libre
Pourtant, même si elle s’est toujours déclarée profondément féministe, Bretécher a toujours tourné le dos au militantisme – même en mai 68 – et n’a jamais vraiment adhéré à un mouvement politique. Son regard bleu acier qui ne ratait rien des faiblesses et autres hypocrisies de la société et de nos temps, elle le réservait à tous, se laissant le droit d’être farouchement libre. Et extrêmement drôle.
Née en avril 1940 à Nantes, Claire Bretécher a vite participé aux titres de la presse franco-belge pour jeunes lecteurs (Record, Spirou et Tintin) dans les années soixante, avant de participer à l’essor d’une bande dessinée pour adultes en France, en signant dans Pilote en 1969. Elle a aussi cofondé le magazine mythique L’Echo des Savanes. Les années 1970 voit sa notoriété s’agrandir avec la publication, en feuilleton, des Frustrés dans le Nouvel Observateur, ce qui lui permet de toucher un large public et d’être souvent invitée, sollicitée, par les médias. Qui ne se souvient pas de sa frange blonde, de son regard-laser, de ses reparties toujours inattendues ?
Claire Bretécher a marqué des générations de femmes et leur a prouvé qu’elles pouvaient être elles-mêmes, et que ce serait possible, aussi, pour elles. Elle a tout simplement marqué des légions de lecteurs.
Elle était notamment connue pour "Les Frustrés" et "Agrippine" : la dessinatrice Claire Bretécher vient de mourir à l'âge de 79 ans. Première femme bédéiste reconnue en France, elle évoque les injonctions à la beauté dans ce portrait de 1975. pic.twitter.com/9xMkJ1CD8d
— INA.fr (@Inafr_officiel) February 11, 2020
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