Pour fêter la réédition de son premier véritable succès, Joseph Mount revient sur l’écriture de « Nights Out », la façon dont il a évolué au cours de ces dix dernières années et sur la musique du futur.
En 2008, Joseph Mount déclarait aux Inrocks : « Je suis fier de mon groupe, mais ce n’est pas avec Metronomy que je vais gagner ma vie et passer à la radio« . Raté. Dix ans plus tard, ses morceaux continuent à faire danser les garçons et les filles du monde entier, et son disque s’est vu réédité pour son dixième anniversaire. On est donc allé à la rencontre de l’homme derrière Metronomy pour qu’il revienne, tranquillement installé sur un canapé, sur Nights Out, l’époque à laquelle il a enregistré ce petit chef-d’oeuvre de pop moderne, et sur son prochain album, en passe d’être terminé.
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Nights Out a 10 ans aujourd’hui. Qu’est ce que ça te fait ?
Joseph Mount : C’est cool ! Je vois un peu cette réédition comme une façon de me distraire, de penser à autre chose qu’à ce ce que je fais en ce moment. Je travaille sur le nouvel album de Metronomy, et quand le label m’a dit qu’il fallait fêter cet anniversaire, j’étais sur le mode : « Ok, faites-le de votre coté, mais ne me demandez rien » (rires). Maintenant que le nouveau disque est quasiment fini, je me sens plus détendu. Ça me paraît cool et important de l’avoir fait, à la fois pour le groupe et pour le public.
Sur le plan artistique et humain, comment est-ce que tu perçois ton évolution ?
En sortant Nights Out, j’ai complètement, et sans réellement le vouloir, changé ma vie. C’était le commencement de tout pour Metronomy ; et après un tel changement, tout peut arriver. Certains deviennent junkies, tu peux finir par détester l’industrie musicale, perdre complètement la tête… Et donc suite à ça, j’ai du trouver des moyens de prendre soin de moi ; et de ne jamais prendre les fans que j’avais pour acquis. C’est important de ne pas les froisser, aussi (sourire).
Tu as également des enfants, maintenant ?
Oui, c’est pour ça qu’on n’a pas vraiment fait de tournée pour le dernier album. C’est essentiel pour tout le monde d’avoir une relation avec ses enfants… Bon c’est évident ce que je viens de dire, mais c’est vrai. J’ai rencontré leur mère grâce à la musique, mais il a fallu que j’apprenne à laisser ce boulot de coté pour garder du temps de coté pour ma famille. En tout cas, je pense avoir pas mal évolué en tant qu’homme et en tant que musicien, et j’essaie juste de faire en sorte de rester sur une bonne voie à tous les niveaux.
Ça t’arrive de te sentir nostalgique des instants où tu étais seul dans ta chambre, à enregistrer Nights Out ?
(rires) J’ai encore une chambre pour jouer de la musique. Il m’arrive d’être un peu nostalgique de cette époque, c’est vrai. Mais ça me rend heureux d’y penser. Ce qui est certain, c’est qu’il y a une forme de liberté dans ces moments là, au sortir de l’adolescence. Tu peux sortir, rentrer quand tu veux, faire ce dont tu as envie. Mais ce genre de changements fait partie de la vie.
Est-ce que tu penses que le fait d’avoir des enfants, une famille, a influencé ta musique ?
Ouais, bien sûr. Mais je ne crois pas que les enfants doivent te rendre trop doux, d’un point de vue émotionnel. Je n’aime pas trop les gens qui écrivent de la musique sur leurs enfants, à vrai dire. En revanche, je leur joue de la musique et leur opinion compte beaucoup ; ils ne comprennent pas trop ce que je fais mais l’un d’eux a par exemple adoré un de mes beats, sur une nouvelle chanson. J’ai trouvé ça super cool.
Donc tu ne chanteras jamais sur le fait d’avoir des enfants etc ?
En fait j’ai une chanson là-dessus, mais c’est davantage tourné vers moi (sourire), enfin il me semble. Sur le fait d’avoir conscience de soi-même, de le devoir de prendre soin de soi.
Quel était ton état d’esprit au moment d’enregistrer Nights Out ?
C’est compliqué à dire, car il s’agissait de chansons écrites entre mes 22 et mes 25 ans. Ça a donc couvert une grosse période de ma vie. Je venais de terminer l’université et je sortais d’une relation dans laquelle je n’étais pas heureux. Du coup je suis parti à Londres, afin de commencer ma carrière de musicien. A mon sens et avec du recul, je crois que j’étais assez compétitif, que je voulais absolument dire et apporter des choses au monde. Et puis, arriver à Londres à ce moment là, c’était très excitant.
Tu sortais beaucoup en club à ce moment là ?
Franchement oui, beaucoup. J’y allais énormément pour me tenir au courant de ce qui se passait, musicalement parlant. Et puis comme je te l’ai dit je sortais d’une relation, donc oui je sortais tout le temps (rires).
Et justement, quel genre de musique passait là-bas ?
Beaucoup de choses ! Il y avait un club appelé Trash, c’était l’un des meilleurs. LCD Soundsystem, Mystery Jets, Justice, ce sont des groupes qui passaient souvent là-bas. L’electro française du style d’Ed Banger, aussi.
Il y a beaucoup de chansons qui n’étaient jamais sorties et qui se trouvent sur la réédition. Comment est-ce que tu es retombé dessus ?
Au moment de faire Nights Out, j’avais un MacBook Pro ; et quand j’ai fini l’album il était plein de démos, de photos etc. Je l’ai fermé et ne l’ai plus jamais retouché. Puis quand on m’a demandé des bonus track pour la réédition, j’ai donc rouvert cet ordinateur. Le système était toujours le même, tout était comme figé dans le temps. Ensuite, j’ai juste parcouru tous mes dossiers, tout réécouté et j’ai envoyé les meilleurs trucs que j’y trouvais.
Tu as retouchées les chansons avant de les envoyer ?
Non, pas du tout ! Je les ai sonné telles quelles, et c’est parti au mastering. Enfin, j’espère qu’elles ont été masterisées d’ailleurs (rires).
Tu te souviens du moment où tu as composé Heartbreak ?
Oula ça fait longtemps… Mais attends, oui je m’en souviens. Lorsque je vivais à Brighton, j’avais un studio de la taille de cette pièce, donc assez petit. J’y passais des heures. Le premier Metronomy était très instrumental et là j’essayais de créer quelque chose de neuf, je cherchais mon nouveau son. Et quand les paroles, l’air sont arrivés, je me souviens m’être dit « Ah ouais c’est cool, c’est vraiment moi et je n’imite personne d’autre« . En gros, j’avais envie de faire une sorte de pop funky, quelque part entre Prince et ce qui passait en club, à l’époque.
Tu évoquais ton nouvel album tout à l’heure, tu peux m’en dire un peu plus ?
Oui, il est en passe d’être terminé. J’espère qu’il sortira cette année, en tout cas, c’est normalement le plan !
Il sonnera comment ?
Comme le futur (rires). Il y a beaucoup de choses différentes dedans, un coté américain et presque grunge à mon sens, avec des guitares. En tout cas sur quelques chansons ; pour le reste il faudra attendre un peu.
Propos recueillis par Xavier Ridel
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