Rae Sremmurd, John Hopkins, Beyondless et Cuco illumineront votre semaine.
Rae Sremmurd – SR3MM
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Pour conclure cette trilogie, il fallait frapper fort, très fort, et voir grand, très grand. Choses faites lorsque les frères les plus en vue du Mississippi livrent l’ultime pierre à l’édifice « SremmLife ». Pour ce troisième volume, qui succède à deux ébauches abouties et fantaisistes, les Rae Sremmurd offrent un triptyque sonore dantesque. Trois albums réunis en un, 27 morceaux et plus d’une heure quarante de musique. Une œuvre massive et ambitieuse qui rappelle que le duo est entré dans une nouvelle ère depuis le succès international du puissant Black Beatles. SR3MM s’ouvre sur le projet commun, où les protégés de Mike Will Made-It exhument les trésors du hip hop moderne et invitent le mystique Travis Scott, le starboy The Weeknd et le vétéran Juicy J. Swaecation, la deuxième partie est assurée par Swae Lee, qui sublime de sa voix cristalline 9 morceaux prodigieux, dont le grandiose Offshore avec Young Thug. Enfin, Jmxtro permet à Slim Jxmmi de se laisser porter par sa folle créativité et prouver qu’il n’a rien à envier à son frère. SR3MM signe la fin d’une épopée mais pour Swae Lee et Slim Jxmmi l’ascension vers les sommets de la musique mondiale ne fait que commencer.
Osain Vichi
À écouter sur Apple Music.
John Hopkins – Singularity
Fidèle à une musique existentielle, transcendantale, John Hopkins révèle encore une fois l’étendue de son talent avec Singularity. Un périple sonore mais surtout humain de 10 morceaux longs, accomplis, fantasques, majestueux. Tous tellement diverses, emplis de nuances, d’aspérités, de fusions, d’aversions, qu’ils se suffisent à eux-mêmes et semblent illustrer une vie, dans tout ce qu’elle peut donner : de l’amour, de la haine, du bonheur, de la tristesse… Des créations autarciques mais finalement interdépendantes, plusieurs existences qui se succèdent avec fracas ou délicatesse. À travers cette musique riche, luxuriante, qu’il parfait depuis presque 20 ans, et qui oscille entre l’humain et le robotique, entre l’organique et le métallique, John Hopkins retrace sa vie, mais aussi la nôtre. S’il a su composer de la musique de film, Hopkins sait aussi concevoir la musique pour tout un monde.
Osain Vichi
À écouter sur Apple Music.
Iceage – Beyondless
A leur sujet, la même phrase revient éternellement. Celle sortie par Iggy Pop sur une radio australienne en 2013 : “the only current punk band I can think of that sounds really dangerous(le seul groupe punk actuel qui ait l’air vraiment dangereux à mon avis)”. Iceage venait alors de sortir leur deuxième album, You’re Nothing, chez Matador Records. Les voici qui viennent de publier leur quatrième album, Beyondless, dont le titre obscur est emprunté à Cap au pire, roman de Beckett datant de 1991 sans scénario si ce n’est la réflexion sur l’écriture par la déconstruction. Beyondless rappelle surtout le Velvet Underground, les Stooges, les poètes maudits et les héros romantiques, les blessures à vif, et les cœurs écorchés. Sur cet album, Iceage lorgne davantage du côté de la pop et du cabaret, convoquant piano, trompette, saxophone, trombone sans se départir de sa hargne d’ado punk danois, avant tout portée par son chanteur et leader Elias Rønnenfelt. Iceage livre surtout ici un album inspiré mais pas copié, morveux mais classe, brûlé d’un feu que l’on n’avait pas vu depuis bien longtemps, irrigué de jazz. Voici donc le deuxième grand album rock de ce printemps avec le Wide Awake ! de Parquet Courts. Styles différents, peu de points communs, si ce n’est l’envie d’adresser un grand doigt d’honneur à la vie, aux modes et aux suiveurs.
Carole Boinet
À écouter sur Apple Music.
Cuco – Chiquito
Il ne nous aura fallu qu’un morceau un peu cheesy chanté dans un mélange d’anglais et d’espagnol pour l’aimer, ce petit Cuco, 19 ans. Il s’appelle Lo Que Siento, accueille une trompette dans un final langoureux et voit Omar Banos (de son vrai nom) chanter son amour pour une jeune fille. C’est simple mais assez génial. Son premier EP, Chiquito, est de la même teneur : quelque part entre mièvrerie délirante, hip-hop cotonneux, et embardées enfumées. On pense à Mac DeMarco, Tyler, The Creator, Gap Dream, au label Burger Records, au coucher de soleil sous les palmiers, à la weed, aux collages soniques hérités d’internet et à tout ce que la jeunesse compte de planches de skate, d’éclatement des chapelles et d’heures passées dans sa chambre à mater le plafond une guitare en main. Normal, Cuco est originaire de Hawthorne, la ville natale des Beach Boys, en Californie donc. Là-bas, Cuco est déjà une petite star. En juin 2017, le L.A Weekly titrait : “L’idole adolescente du Sud de L.A qui headline des concerts archi-complets”. “L’ascension de Cuco laisse entendre que nos idoles modernes ne seront pas suaves ou cyniques. Plutôt que d’être plus grandes que la vie, elles pourraient se repaitre de réalisme, une qualité qui inspire plutôt qu’isole les fans” écrivait le journaliste avec une grande justesse. Mais cet excès de réalité n’enlève rien au génie de Cuco, qui devrait sans peine devenir le nouveau Mac DeMarco. La preuve : il s’est déjà transformé en personnage de dessin animé sur la pochette de son EP.
Carole Boinet
À écouter sur Apple Music.
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