Dans le sillage d’un vendeur de weed, l’anthologique High Maintenance sonde les intimités de ses destinataires tout en cartographiant un New York aux multiples facettes.
Les séries qui chuchotent sont beaucoup moins nombreuses que celles qui font du bruit en agitant les bras. La tentation existe d’y voir un signe des temps pressés de mettre au pinacle tous les Game of Thrones de la terre, sauf que la règle est la même depuis environ soixante-quinze ans que la télévision existe.
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On peut même dire que les séries discrètes et presque fragiles sont une invention avant tout contemporaine, qui date d’une vingtaine d’années. Avant l’âge d’or du câble, il n’était pas impossible mais quand même très difficile de sortir du rang. Une question de financement et de structure de diffusion normée qui a complètement volé en éclats. High Maintenance en profite et mène sa meilleure vie.
Un pitch qui tient sur post-it
Après des débuts en websérie, elle a trouvé un refuge luxueux sur HBO, qui lui a déjà offert plusieurs saisons – la quatrième arrive, toute fraîche. Pourtant, quelque chose d’une indifférence polie accompagne la création de Katja Blichfeld et Ben Sinclair. Trop vaporeuse, sans doute. Trop timide. C’est dommage : il s’agit de l’une des meilleures séries de l’époque.
On rappelle que le pitch de High Maintenance tient sur un Post-it. Un livreur de weed à domicile (“The Guy”) arpente les rues de Brooklyn en vélo. Quand il débarque quelque part, la fiction dérive et s’intéresse à celui ou celle chez qui il se trouve. Nous sommes donc devant une anthologie – la plupart des personnages changent à chaque épisode, même si des variations sont possibles –, où l’attachement doit prendre en quelques minutes. Le résultat, assez miraculeux, propose une somme de trajets (physiques et émotionnels) qui rappellent que les belles histoires sont aussi des voyages sans destination fixe.
Contre toutes les tendances majoritaires du récit, il y a quelque chose de l’ordre du don dans High Maintenance, qui passe par la désacralisation de la posture d’autorité du héros – d’autant qu’il est incarné par le cocréateur Ben Sinclair. En laissant régulièrement la place à d’autres, celui-ci signifie que le regard peut être échangé, offert, partagé, dérouté.
Le point de vue d’un chien
Dans une autre saison, un épisode entier se déroulait du point de vue d’un chien (une réussite, bien au-delà du concept). Tout être vivant capable de mouvement peut embraser High Maintenance. Même si les humains sont les plus nombreux !
Le portrait de New York à la fois comme un havre de paix inclusif et un lieu de terribles solitudes et d’exclusion se dessine. La série prend le parti de mettre en scène les possibilités infinies qu’offre la ville, en choisissant des personnages toujours étonnants. Dans le début de cette nouvelle saison, nous assistons à la tournée essoufflée d’un comédien-performeur chargé de souhaiter leurs anniversaires aux gens en chantant, dans des tenues plus folles que folles.
Une idée géniale traverse ensuite l’épisode 2, quand une coordinatrice d’intimité (personne chargée de veiller au respect des demandes des comédien·nes sur les tournages pendant les scènes de sexe) se retrouve en rendez-vous galant avec un homme qui s’avoue “asexuel” mais veut entamer une relation avec elle. Comment peuvent-ils se toucher ? La délicatesse avec laquelle le sujet est abordé, la beauté simple des interactions de ce couple pour ainsi dire jamais vu, justifie une fois de plus de plonger la tête la première dans la série.
High Maintenance saison 4 Sur OCS et OCS Go
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