Un habile coup d’essai sur l’amour empêché et la maladie, porté par un trio d’actrices brillantes.
Que font deux vieilles dames, voisines de palier, lorsqu’on ne les regarde pas ? Elles s’embrassent, elles s’aiment et elles se touchent, elles projettent d’abandonner leurs familles respectives, de se soustraire au poids du secret de leur homosexualité et de filer en douce toutes les deux, à Rome, pour enfin habiter ensemble dans le même appartement.
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Le début du film est tout entier dévoué à la célébration feutrée de leur amour secret, avant qu’un accident vasculaire cérébral ne fasse basculer Deux dans le thriller. Du film de couple idyllique on passe au film de trouple angoissé et angoissant, puisque la fille de l’une d’elles (interprétée par Léa Drucker) s’interpose entre l’amante et sa mère malade. L’espace ouvert et unique formé par l’étage composé de deux appartements des amoureuses est désormais rompu par des portes fermées.
Et Deux se transforme en film d’évasion domestique. La façon dont Filippo Meneghetti, qui signe là son premier film, s’amuse des mécaniques spatiales et relationnelles pour faire muter son film de la romance lesbienne au drame quasi fantastique est séduisante.
Mais il s’en faut de peu pour que son film ne soit qu’une petite mécanique trop bien verrouillée. Il fallait deux grandes actrices (le mythe vivant du cinéma allemand Barbara Sukowa et Martine Chevallier, éminente sociétaire de la Comédie-Française) pour faire sauter le verrou d’une mise en scène parfois maladroite et programmatique.
Deux de Filippo Meneghetti avec Barbara Sukowa, Martine Chevallier, Léa Drucker (Fr., Lux., Bel., 2018, 1h35)
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