Lomepal enchaîne deux dates au Zénith de Paris cette semaine. On était à la première, hier. C’était fou, on vous raconte.
La dernière fois qu’on est venu au Zénith de Paris, c’était pour la reformation des Libertines en 2014. Encore avant, en 2011, c’était les Strokes. Aujourd’hui, mercredi 20 février 2019, c’est Lomepal que l’on vient voir. Les rageux résumeront en disant que le rap a bouffé le rock ou que l’on a retourné notre veste. L’histoire est pourtant un peu plus complexe : Lomepal est lui-même un grand fan des Strokes – qu’il s’amusait à reprendre sur scène à ses débuts- un de ses morceaux s’intitule Dave Grohl, et on doute du caractère vraiment rap de sa musique, qui s’aventure de plus en plus du côté de la chanson française et, surtout, de la pop.
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En l’espace de deux ans, Antoine Valentinelli, dit Lomepal, a explosé. Il fût un temps (juin 2017) où on le suivait, timide, sur la scène de la Maroquinerie. Il venait alors présenter son premier album, dont le titre en référence à une figure de skate, le flip, et la photo de couve (lui travesti, le maquillage dégoulinant) lui avaient immédiatement permis de transcender le public rap classique. Personnage pluriel, Lomepal embrassait l’éclatement des chapelles, sans pour autant se perdre dans le brassage de références, ni tomber dans une variétoche dégoulinante de mièvrerie. Ses prods comme ses textes surprenaient : un rappeur se mettait (enfin) à nu du haut de ses 26 ans, parlant d’amour et de mort avec la fragilité d’un être humain.
Des hologrammes et un Vladimir cauchemar toujours masqué
Deux ans plus tard donc, à 28 ans, Lomepal est devenu l’idole des jeunes. En témoignent ces près de 7000 têtes fraiches dégainant leurs téléphones à peine a-t-il foulé la scène de sa doudoune rouge, avant de reprendre ses paroles par coeur, hurlant dès les premières notes de chaque chanson, bref connaissant toute sa discographie (deux albums, FLIP et Jeannine) sur le bout des lèvres. L’hystérie collective atteint des sommets lorsqu’Antoine quitte la scène pour réapparaitre au beau milieu des gradins, dans un spot de lumière, descendant les marches calmement, micro en main, avant de fendre la foule, escorté par des molosses, pour rejoindre la scène. On comprend soudain que le type est une star, une vraie, et que, du coup, ce genre de passage est tout à fait approprié.
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Le show est sobre, carré. Enfin, pas tout à fait : l’hologramme s’invite à deux reprises, nous laissant entrevoir le concert du futur. C’est donc un hologramme du rappeur belge JeanJass qui assure le featuring sur X-Men, et un hologramme d’Orelsan qui s’adresse à la salle en intro de La Vérité. Autres surprises : Sage (Ambroise Willaume) est au clavier; une batterie placée en hauteur donne au concert une allure très rock, que viennent confirmés des moshpits joyeusement lancés par Lomepal et effectués encore plus joyeusement par les gamins surexcité; Vladimir Cauchemar déboule masqué avec un tas d’autres garçons qu’une légère myopie nous empêche d’identifier. Et, cerise sur le gâteau de la surprise : Roméo Elvis surgit à la toute, toute fin, au beau milieu du deuxième rappel, pour interpréter leur featuring, 1000 degrés, avec lequel Lomepal avait déjà ouvert le concert. Roméo garde ses fringues, mais Antoine tombe le haut. C’est donc torse-nu et chaud bouillant qu’il clôture un live d’une troublante efficacité. Plus de doute possible : ce sont bien eux les stars d’aujourd’hui et surement celles de demain.
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