A l’occasion de notre numéro spécial “Comment ça va, la France ?”, l’actrice et metteuse en scène évoque la peur ressentie face à certaines scènes de violence en manifestations.
“Je suis très choquée par ce que fait le gouvernement. Depuis un an, ça empire, et on s’y habitue. Il y a eu les Gilets jaunes, maintenant il y a la réforme des retraites. C’est de plus en plus inacceptable. Dernièrement, j’ai assisté à des scènes incroyables ! Tout le monde voit combien l’hôpital se délabre. Enormément de gens, autour de moi, qui travaillent dans le secteur public (enseignants, personnel hospitalier, pompiers) me disent que c’est de plus en plus difficile de bien faire son travail.
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Je me suis retrouvée dans des manifestations, j’ai assisté à des scènes où je me suis mise à pleurer tellement j’avais l’impression de ne plus être dans mon pays. Les valeurs profondes de ce pays, la liberté, l’égalité, la fraternité, sont très fortement attaquées. Nous, les artistes, ne pouvons pas nous tenir à l’écart de la politique ! On ne peut pas se taire. Ce n’est pas possible.
Quel rôle prendre, en tant qu’artiste ? Au cinéma, on peut très peu faire grève, ou seulement symboliquement (comme hier, sur le tournage sur lequel je suis actuellement, et où pendant un quart d’heure nous avons arrêté de travailler).
Je mets de l’argent dans les différentes caisses de grève, les grandes comme les petites : le lycée de Champigny, par exemple. Tu peux choisir, tu fais des rencontres extraordinaires. J’ai l’impression que des gestes magnifiques, forts symboliquement, sont accomplis par les gens : que ce soit les avocats qui jettent leurs robes aux pieds d’une ministre, les pompiers, l’Opéra de Paris ou dans les manifs, tous ces gens inventent des chorégraphies superbes.
Tous les gens qui se réveillent se manifestent de manière très belle et inventive. On vit une époque hallucinante. La révolte passe par une forme d’art. Tout d’un coup, ça devient une forme de rébellion possible, dans la rue, pour tous. Ça m’enthousiasme. On voit que la culture est devenue quelque chose de plus en plus méprisé par le gouvernement. Que les artistes participent à ce mouvement social, c’est une tentative de réconcilier tout ça.”
Pourquoi tant de violence (politique, déjà) ? Pourquoi ce gouvernement veut-il détruire tout le système social solidaire français établi à la fin de la Seconde Guerre mondiale dans une guerre éclair et folle ? Ça fait peur, non ?
On a affaire à des gens qui gouvernent contre 70 % de la population. Ce n’est pas comme ça que la république a été conçue. Alors ça fait extrêmement peur, oui ! Même si ce qui me fait le plus peur est le péril écologique. On n’arrive pas à se mettre au goût du jour. En pratique, on devrait être tous dedans. Le gouvernement me fait peur et, en plus, ils nous emmènent droit dans le mur et on ne peut rien faire contre. Ils montent les gens contre les autres. Et c’est le gouvernement qui en est responsable. Ce sont des gens sourds. On ne peut pas laisser faire.
Je me sens entraînée dans une folie destructrice où j’essaie de tout faire pour freiner. Je vois de plus en plus de gens se poser la question du sens de leur travail. On se sent tellement emporté dans une société qui nous mène droit dans le mur qu’on a envie de se désolidariser de ce système et on se demande ce qu’on pourrait faire pour aller dans une autre direction. Je l’entends de plus en plus autour de moi. Tout le monde se révolte. Ma voisine va manifester alors qu’elle n’est pas de gauche au départ ! Les gens se réveillent ! Le gouvernement doit les écouter, je crains que la violence ne continue à croître…
Nos gouvernants ont perdu le sens commun. Jusqu’où faut-il aller s’ils restent sourds ? De plus en plus de corps de métiers s’agrègent au mouvement. Que leur faut-il de plus pour comprendre ? On dirait que c’est sans fin. Macron ne peut pas gouverner sans le peuple. So, leur mépris est choquant, envers des gens meurtris, qui galèrent à tenir pendant cinquante jours de grève.
“C’est une folie froide, sans cœur, sans respect de l’humain de la part de nos gouvernants”
Alors peut-être que Macron est persuadé que s’il ne réforme pas ces lois, le pays va s’écrouler économiquement. Mais s’il fait ce qu’il a l’intention de faire, je crois que le pays s’écroulera politiquement. J’ai peur que quelque chose pète. J’ai assisté à de scènes de violence hallucinantes, dans la rue ! Ça rend les gens fous.
C’est une folie froide, sans cœur, sans respect de l’humain de la part de nos gouvernants. Barbare. Ça réveille chez les gens que je croise au quotidien un sens des responsabilités très fort : les gens veulent que leurs enfants soient éduqués, qu’ils soient soignés. Ils commencent à se battre très fort pour ça, depuis deux mois. Et je trouve ça très beau. Je ne veux pas que ça meure, et ça ne peut pas mourir.
Dernière création scénique Hate
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