De la fonte des glaciers aux chutes de Salto Angel au Venezuela, le Russe Victor Kossakovsky célèbre l’eau sous toutes ses formes.
Un film dont le protagoniste est l’eau vous dites ? L’exercice aurait vite pu ressembler à un interminable diaporama de fonds d’écran Apple ou, pire, à un empalement de vignettes lénifiantes façon Yann Arthus-Bertrand, s’il n’y avait pas derrière la caméra le regard aiguisé et patient du cinéaste Victor Kossakovsky.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
https://www.youtube.com/watch?v=NyduvVLbUuw
Auteur de documentaires depuis trente ans, le Russe opte dans Aquarela pour une caméra enregistrant en 96 images par seconde au lieu des 24 traditionnelles. Au lieu d’être une coquetterie visuelle, ce dispositif met la technique au service du sujet afin d’en capturer les entrailles.
De la même manière que la macroscopie fait apparaître des éléments invisibles, la cadence accélérée des images permet de saisir l’imperceptible dans une fluidité remarquable. L’eau prend alors vie non comme une masse globale mais comme un portrait pluriel, en mosaïque, où chaque goutte apparaît telle une pulsation de vie, une infinité de cœurs battants.
L’eau y est filmée comme un prédateur et une proie, aussi inquiétante en monstre implacable avalant tout sur son passage que fragile espèce agonisante face au réchauffement climatique. Si Aquarela est aussi magnétique malgré son aridité, c’est précisément parce qu’il porte en lui la définition du film crépusculaire. C’est-à-dire celui qui a su fixer le moment où la beauté se meurt.
Aquarela – l’Odyssée de l’eau de Victor Kossakovsky (G.-B., All., Dan., E.-U., 2018, 1h29)
{"type":"Banniere-Basse"}